Il avait pourtant eut du mal à s'installer. S'immiscer en ces lieux, malgré les deux protagonistes présents, malgré un départ qui le donnait pourtant perdant... Et pourtant. Il avait gagné, l'espace d'un instant, il était présent, et ( personnification anthropomorphique parlant ), il avait de quoi être fier de lui. Et on pouvait l'admirer : admirer sa persévérance et finalement sa victoire... De qui je parle ? Du Calme. Il était rare de pouvoir y goûter à l'infirmerie, surtout quand Eryl y était, et pourtant, ce jour là, à cette heure là... Aucune voix ne s'élevaient dans l'infirmerie en y faisant trembler les murs, aucune méchantes piques n'avaient été lancées et aucune menace ne s'était fait entendre.
Comment un tel miracle pouvait-il être possible ? Et bien, il y avait un lieutenant qui, mine de rien, tenait à garder sa jambe. Ainsi, avait-il préféré, l'espace d'un instant, rester tranquille et ne pas mettre le médecin en colère. Sage décision puisque le dit médecin, fatigué par les dernières semaines passées, las des prochaines semaines futures, se trouvait d'humeur plus irritable aux moindres prétextes, mais inversement, si on le cherchait moins, il mordait moins. Entendez par-là que depuis que le lieutenant lançait moins de pique, Eryl se sentait moins d'humeur à jouer les insupportables.
Une victoire pour le calme, donc... Quel dommage que quelqu'un vienne impunément gâcher cette sérénité qui avait eut tant de mal à venir !
En un premier lieu, Eryl n'avait pas bien compris où le lieutenant voulait en venir... C'était quoi cette histoire d'augmentation ? Bon, il mettait ça sur le compte des "vannes vaseuses", dire quelque chose pour ne rien dire. Ainsi n'y répondit-il rien de plus que l'hypothèse que la suture pourrait être retardée à demain. Mais le lieutenant ne semblait pas d'accord et lui faisait remarquer de manière un poil exagéré... Mais Eryl n'était pas d'humeur à interpréter les "je rigole" ou pas.
" Mais bien sûr ! Je suis juste en train de la badigeonner de crème pour la rendre plus savoureuse, ta jambe, au cas où les cuistots viendraient à être en rade de viande ! "
Et à l'air de chien battu plus ou moins convainquant, Eryl ajouta :
" La prochaine fois que tu viens ici, pense à amener du persils ! Ils doivent avoir ça en cuisine."
Et non, il n'avait définitivement pas entendu la commandante arriver et certainement pas sentit sa présence. Il n'avait jamais eut de don pour ça... Ainsi sursauta-t-il de plus belle, se raidissant d'un coup quand Erwyn indiqua sa présence. D'un coup il se retourna, commençant à sentir poindre en lui un début de colère, et agitant la seringue qu'il avait à la main, il lança :
" Erwyn, merde ! On t'a jamais apprit à toquer ?!"
Faire sursauter Eryl faisait partie des très nombreuses choses qui le mettaient de mauvaise humeur. Mais du professionnalisme avant tout, il devait se calmer. Après tout, une suture, même si c'était le B-A-BA pour un médecin, il fallait quand même faire ça avec calme, ce n'était pas n'importe quelle couturière du dimanche qui pouvait le faire non plus. Avant qu'il n'ait put répondre à quoi que ce soit, le lieutenant l’avait devancé et répondu à sa place. Bon, ça ne dérangea pas Eryl en outre - mesure puisque, de toute façon, il n'aurait pas dit mieux.
Par contre, la suite le dérangea grandement, on pouvait sentir son poil s'iriser sur sa tête et ainsi lança-t-il sèchement à sa très estimée commandante :
" M'amuser ?! Ah ouiii, tu fais bien de me le rappeler, j'ai toujours adoré regardé une plaie et autre joyeuserie, j'avais oublié !"
Bon, fort heureusement, la suite le détendit un peu. Un peu seulement.
" Oui, bah minute ! Je finis de..."
Il s'était retourné vers Konrad et s'était finalement stoppé, l'humeur furibonde qui se lisait dans le visage du tacticien le surprenant. Lui qui était d'un naturel si froid et distant naturellement, le voir s'empourprer de cette manière avait de quoi faire taire n'importe qui. Même Eryl. L'espace d'un instant, il avait réussit à oublié qu'il venait de retrouver sa compagne de toujours : sa chère mauvaise humeur... Enfin, ce laps de temps ne dura pas longtemps... à peine quelque seconde en fait, juste le temps d'arriver à avaler et digérer ce que disait le lieutenant. Et force était d'admettre que ça ne passait pas du tout, laissant un arrière goût très désagréable dans la bouche.
La remarque de l'ongle cassé, c'était comme anciennement, jeter une allumette dans un baril de poudre, et, nouvellement, jeter une tête nucléaire sur une réserve de blaster... En bref : ça fait boom. Et c'est à peu près l'effet qu'eut les dernières phrases du lieutenant sur Eryl... Quand le tacticien se releva, l'accompagnant, Eryl se leva d'un coup, envoyant son tabouret valser un peu plus loin et finalement explosa :
" Comment ça, qui s'était péter un ongle ? Qu'est-ce t'en sais, t'étais là p'tet ?!"
Il posa violemment la seringue sur la desserte à coté, manquant de la briser et continua sur le même ton de rage, mêlé avec un soupçon d'exaspération, le tout saupoudré par une rancœur non dissimulée :
" Non, bordel, non, t'étais pas là ! Et pour tes mécanos, s'ils ont tellement besoin de soins, ils viennent à l'infirmerie, ils vont dans leurs chambres en m’attendant, ils m’appellent, et j’arriverais !"
Au fond, la question n'était pas vraiment si ces paroles étaient spécialement adressées au médecin ou pas... Le fond, ce qui mettait Eryl hors de lui, c'était bien que c'était une critique de son boulot. Et pourtant ! Comme s'il ne s'épuisait pas déjà à la tâche ! Là, le lieutenant venait, sans doute involontairement, de trouver le filon pour faire définitivement enrager le médecin... Mais une rage qui laissait place à de la rancœur… Et ça s'entendait.
" Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre, bon sang !"
Pendant que le lieutenant rangeait de lui-même la marchandise en se rhabillant, empêchant définitivement le médecin en herbe de faire son boulot, Eryl jeta d'un geste ravageur ces gants dans une poubelle prévue à cet effet. De toute façon, en colère comme il l'était, il ne pourrait plus faire quelque chose de correct, ces mains tremblaient trop de fureur. Maintenant, tout ce que souhaitait le gamin, c'est que la prochaine fois que le lieutenant viendrait pour une histoire de suture, ce serait Oliver qui serait de garde... Ou alors, peut-être qu'il "oublierait" l'anesthésiant... Possibilité à prendre en compte également.
Ruminant ces idées noires plutôt que de les dire à voix haute (ou de les appliquer) et en grommelant continuellement, il s'avança vers l'évier et commença à se laver les mains. Simple mesures d'hygiène, combien même il avait des gants... Sauf que, peut-être les lavait-il avec un peu trop de rigueur, insistant et frottant avec trop énergie... Mais toujours grommelait-il et lançait occasionnellement quelque regard noir envers l'innocent évier...
Pour le moment, Eryl était dans une fureur noire dont il serait difficile de l'y déloger... Encore que le temps fait bien son affaire. D'ici quelque temps, il serait calmé et reprendrait le cours tranquille de sa mauvaise humeur habituelle. Malheureusement, aucun mode d'emplois pour préciser ce serait au bout de combien de temps...
" Aaah, merde !" Finit-il par lancer brusquement en l'air.
Toujours d'humeur exécrable, il se retourna vers le lieutenant et continua d'un air féroce :
" Pas la peine de te rhabiller ! Même si je te fais pas la suture aujourd'hui, faut que je refasse le pansement, Crétin !"
Il ressaisit une nouvelle paire de gant, finit par reprendre son tabouret, et ressaisit son attirail pour refaire le milieu humide nécessaire à une bonne cicatrisation et d'un regard noir, il acheva :
" Ou sinon, autant amputer maintenant ! Je suis certain que notre commandante ici présente sera ravie de me donner un coup de main."
L'aura de calme, paix et sérénité était partie. Maintenant, une aura de colère avait fait son arrivé (fracassante, comme arrivée même) et régnait en maître dans l'infirmerie...
Dernière édition par Erylianen Noerya le Jeu 28 Fév 2008 - 15:49, édité 1 fois