Ce fut très professionnellement que Margot expliqua en un résumé bien trop court aux goûts du lieutenant com, la situation. Il devait bien se l'avouer, il n'aurait pas craché sur quelque informations supplémentaires, mais avala vite fait cette pensée. Son sous-lieutenant ne se serait certainement pas amusée à tronquer les informations. Ephram en vint donc à la conclusion que ce synopsis et le communiqué qui avait résonné dans la vivenef seraient les seules informations qu'il pourrait avoir pour le moment.
« Merci » répondit-il sobrement.
Fort bien, il y avait déjà matière à réfléchir. Une vivenef militaire qui allait prêter mains forte à une vivenef pirate et contrebandière... Un événement qui avait de quoi être historique. Ephram porta à ses lèvres un bout de câble de son casque qu'il avait enroulé entre ses doigts et tapota dessus tandis qu'il était plongée en pleine réflexion. Lui n'envisageait pas un instant que cela puisse être un piège. Il y aurait pensé, certes, si les trois navires impliqués n'étaient pas des vivenefs, mais il existait entre ces trois êtres là un liens assez fort qui poussait le lieutenant à penser que jamais Adonis ne tenterait une alliance avec Pandore dans le but de nuire à la nef militaire d'une quelconque façon. Il en était certain. Non, sa réflexion était plutôt sur le pourquoi une vivenef pirate viendrait à appeler une vivenef militaire, avec tout les risques que cela comporte. Ce qui les attendait là bas ne serait certainement pas une cure de jouvence pensa amèrement le lieutenant. Il plissa les yeux et pensa que ce serait sans doute une bataille rude. Très rude.
La deuxième question de Margot, un rien professionnelle, arracha le lieutenant à ses pronostiques inquiétants et toujours les yeux sur sa console, il pencha la tête sur le côté, lâchant son malheureux câble qui retomba alors sur le côté.
« Les opérations en cours ? »
Sans faire pivoter son siège, il passa la tête sur le côté pour observer un peu plus l'effervescence qui régnait sur le pont. Il observa une seconde chaque session et à voix basses, il reprit la parole :
« Je présume... Qu'il ne nous reste plus qu'à espérer une réponse de Balor quand les hautes huiles de la base se seront décidés ensemble à agir pour notre part... La session tactique va parler tactique et armement, la session maintenance va parler maintenance et défense et la session d'astrogation va parler astrogation et mathématique... »
Et en tant que lieutenant com, c'était sans doute tout ce qu'il avait à savoir. Il aurait sans doute plus d'information quand à la situation lors d'une réunion, peu de temps avant l'arrivée de Nimue sur le champ de bataille. L'entrée de médecin de bord fit hausser un sourcils à Ephram et celui ci se remit face à sa console, se calant avec aise dans son fauteuil. Pas très professionnel, certes, mais il n'était pas de quart de toute façon. Au bout d'un moment, il sentit le regard très (trop ?) insistant du médecin dans son dos et peut-être plus particulièrement sur sa main.
Il hésita un instant à se retourner, secouer sa mains avec un air de défit et se remettre tranquillement sur son siège à attendre la suite des opérations avec un visage satisfait, mais se dit que ce serait sans doute un rien trop puéril et que malheureusement, le temps n'était pas tellement à la rigolade. Chose que le médecin n'avait pas eut l'air de prendre en compte vu sa dernière remarque. Que ce soit pour détendre l'atmosphère ou pour juste dire quelque chose, la mine déconfite du lieutenant com indiqua qu'il ne trouvait pas ces paroles très appropriées.
Il grommela pour lui même, d'une voix basse :
« pourquoi pas « une petite sauterie », tant qu'il y est... »
Il laissa s'échapper un soupire d'appréhension, et se tourna discrètement la tête hors de son siège pour tenter d'observer la réaction de toute et chacun quand à cette dernière intervention. Mais finalement, son regard se figea sur le commandant et sur ce qui se passait, là, devant ces yeux.
« C'est... »
Les yeux fixé dans l'incompréhension, la bouche légèrement entrouverte de surprise, il observa la scène qui se passait devant lui comme si c'était un mauvais film. Dans une voix rauque, Anthony de Balras lui passa le commandement du navire et Ephram, plus pâle que d'habitude, réussit à répondre un simple :
« B...Bien compris, pacha... »
Et le commandant s'effondra sur le médecin.
Le lieutenant com se tourna vers sa console, encore abasourdit, et il la regarda quelque seconde tandis que son esprit tentait d'analyser la situation. Il devait maintenant reprendre le commandement. Avec tout ce que ça impliquait. Prendre des décisions, avec toute les risques que ça pouvait inclure. Il déglutit avec peine, souhaitant un instant que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve duquel il allait se réveiller, là, maintenant.
Mais le temps n'était pas à la rêvasserie se reprit-il instantanément. Il fronça les sourcils et se recomposa une allure et un visage sûr. L'équipage, amputé du commandant en qui il avait confiance, n'avait certainement pas besoin de quelqu'un qui manquerait de confiance en lui ou qui semblerait hésiter à l'ombre d'une bataille. Et encore de moins de quelqu'un qui faisait passer sa stupéfaction avant son devoir. Combien même cette réaction pourrait pourtant être humainement compréhensible.
Affichant un air résolu, il appuya sur le bouton qui enclenchait le canal général de la vivenef et d'une voix grave, il passa son annonce qui résonna dans tous les couloirs et toutes les salles:
« Ici le pont à l'équipage, le commandant de Balras vient de faire un malaise. Il sera conduit à l'infirmerie et en attendant son rétablissement je, le lieutenant Einar, sous les dernières indications du commandant, reprends le commandement du bâtiment... et maintient l'ordre d'aller sur Mars prêter main forte aux Vivenef déjà présentes.
Je répète, Ici le lieutenant Einar, suite au malaise du commandant de Balras, je prends le commandement de la vivenef et maintient notre destination actuelle : Mars. »
Bon, maintenant, la suite. Ephram prit une grande inspiration, se tourna vers le pont Et l'observa un premier temps sans rien dire. Lui qui n'aimait pas parler aux gens comme ça, il allait être servit. Mais le temps n'était pas aux préférences personnelles, c'est pourquoi il se leva et commença d'une voix forte et autoritaire :
« Docteur Andorias, vous allez emmener le commandant à l'infirmerie et lui donner prestement les soins nécessaires. D'ici notre arrivée sur mars, je veux un rapport régulier de l'évolution de son états. »
Tandis qu'il progressait vers le centre du pont, il continua à donner ses instructions, pointant du doigt une à une les différentes sessions concernées. Il commença par la session com, avec un léger pincement au coeur.
« Com, envoyer un message à Balor pour prévenir de cette nouvelle situation.
« Suite à un malaise du commandant de Balras et conformément au code militaire actuellement en rigueur, je souligné, le lieutenant Einar Ephram, en l'absence de second, reprends les commandement du bâtiment militaire Nimue, et confirme l'ordre de se rendre sur mars. Renfort demandé de toute urgence »
envoyez. »
Ils ne répondraient sans doute pas plus vite pensait Ephram, mais au moins, ils seraient conscient que la situation n'était vraiment pas rose, voir même critique... ce serait déjà ça de gagné.
« Sous lieutenant Hertzlieb, vous avez la charge de la session com, faite parvenir à l'enseigne Branek la situation et demandez sa présence sur le pont pour vous assister et organisez vous avec elle pour gérer la session. »
Oh, oui, un gros pincement au cœur. Mais l'heure n'était pas au sentimentalisme. Il jeta un regard aux autres sessions du pont et tenta alors de se convaincre intérieurement... Commander une vivenef, c'était comme commander une session com, non ? En plus gros... avec plus de monde... et avec beaucoup plus d'option... et plus de risques aussi. Bon, passons, il devrait faire avec. Avec un air déterminé et sérieux, il reprit la parole :
« Tactique, vous aller me faire un rapport de l'armement disponible, de l'état de la vivenef sur un plan offensif et gérer avec la session maintenance pour la moindre avaries possibles. Voyez ensuite avec la session communication et Nimue si vous pouvez entrer en contacte avec Pandore et tenter d'élaborer un plan stratégique avec leur tacticien.
Com, de même, guettez une réponse de l'état major, et assistez la session tactique pour établir une potentiel communication avec Pandore. Demandez à Nimue au préalable s'il n'y a pas de risque d'avertir l'ennemi de notre venu. Inutile de tenter Adonis, s'il est sur place, ce serait trop dangereux pour eux de prévenir que des alliés arrivent.
Maintenance, je veux un rapport de l'état de la vivenef dans le moindre des ces détails, de l'état des boucliers énergétiques aux moindre boulons de ce navire et je veux que vous regardiez avec chaque sessions s'il n'y a pas besoin de réparations de dernières minutes. Voyez avec le commandant Korazov l'état et l'armement de chaque chasseurs.
Astrogation... Hum ? »
Quelle ne fut pas la surprise d'Ephram de voir que le lieutenant d'astrogation, qui était pourtant là à son arrivé, s'était absenté sans prévenir. Il resta le doigts pointé sur la console d'astrogation, un brin perplexe et la parole coupée, quand arriva alors l'enseigne Nuum sur le pont. Quelque soit le motif de sa présence ici, le lieutenant com pensa tout de même qu'il tombait bien. Si lui non plus ne savait pas où avait pu s'absenter les supérieur de la session Navigation, il n'empêchait que cette enseigne fraîchement arrivé ferait très bien l'affaire pour recevoir les instructions suivantes :
« prenez place ici en attendant le retours de vos supérieurs. Et voyez avec le hangars et le commandant Korazov pour organiser les chasseurs afin d'optimiser leurs sorties le moment venu. »
Bon, légers contre temps, certes, mais ça allait, Ephram avait quand même put dire ce qu'il souhaitait à la session de navigation... Il reprit encore une fois sa respiration et se tourna vers le commandant de l'escadrille d'halloween, semblant légèrement oublier la dernière question de l'enseigne Nuum.
« Commandant, voyez avec vos pilotes l'état de leurs chasseurs, leurs armements, travaillez avec la maintenance pour que tout soit optimal, renseignez la salle de contrôle du hangars pour organiser au mieux la sortie des chasseurs quand nous serons sur place. »
Voilà, les ordres étaient lancé. Maintenant, il fallait attendre que chacun exécute ce qui avait été dit. Ephram s'énuméra mentalement tout ce qu'il venait de prononcer, tandis que sa main retombait sur le dossier du sièges de commandement, se demandant ce qu'il pourrait ajouter... Malheureusement, il s'aperçut bien vite qu'il n'avait pas encore tout fait finit. Il commençait déjà à trouver que son cota de paroles directe était remplie pour l'année, mais non, il n'avait pas finit. Il poussa un imperceptible soupire et reprit d'une voix neutre, le regard fixé sur le dossier de commandement sur lequel il était appuyé :
« à toute les sessions, une fois que vous serez au points, ré-organisez les quarts pour offrir à tout l'équipage le repos qu'il mérite en attendant la bataille. Je veux que tout le monde soit opérationnel d'ici 7 heures. Voyez avec le bosco si besoin est. Soyez prêts dans 2h30 heures, réunions des lieutenants... Ou sub-alternes » ajouta-t-il en repensant à l'enseigne Nuum « dans 3 heures, et je veux que tout soit prêts. »
*Moi, je vais aller quérir des information quand à l'état de Nimue...* Pensa furtivement le lieutenant.
Une mine amère se dessina sur son visage. La personnalité de la vivenef... devait tout avoir vu. Et si Ephram la savait émotive, il n'osait pas imaginer son états actuels. Elle devait avoir peur pour ses congénères et avait vu le seule homme avec qui elle arrivait à converser s'effondrer... Il ne paraissait pas de bon ton au lieutenant de demander sur le pont, à la vue de tous, comment Nimue prenait la situation. Se croisant ces bras sur le sièges et s'appuyant d'avantage dessus, il réfléchit pendant une minute qu'il devait aller la voir. Dans le jardin, tranquillement. Seul à seul. Et seulement si elle allait un peu mieux, alors, il lui demanderait si elle avait quelques information à fournir. Seulement à ce moment là, et pas avant. Nimue n'était pas une simple machine à qui ont extirpait des informations pour sa survie.
Sortant furtivement de ses pensées, Ephram se redressa, jeta un coup oeil, avec un sourcils haussé, aux personnel présent et finit par demander d'une voix ferme :
« Questions, suggestions, objections ? Vous avez 5 minutes pour me dire ce qui vous passe par la tête tant que je suis là. »
Comprenez par là qu'Ephram avait bien l'intention de s'absenter d'ici peu, histoire de connaître l'état émotionnel de la vivenef, même s'il ne le précisa pas.
Pendant que tous étaient à la réflexions et la digestions de tout ce qui venait de se dire, Ephram se pencha sur le fauteuil, sans s'assoir dessus (autant à cause de la tâche rouge que ce dernier ornait que de la symbolique même de s'assoir sur le fauteuil de commandement) et pianota avec vivacité le code pour ouvrir une conversation avec la cabine du commandant. Si l'intendante n'était pas déjà partie vers l'infirmerie, en toute logique et d'après ce qu'ils savait du travails des intendants, ce serait ici qu'elle se trouverait.
« Mademoiselle Ariétis ? » se renseigna-t-il.
Il comptait bien la faire travailler elle aussi. Et il avait déjà bien son idée sur la question. Maintenant du bout d'un doigts le bouton du canal enfoncé, en attendant une réponse ou non de l'intendante, Ephram se redressa un peu et ajouta à toute la salle, pour répondre enfin à la question de Siyar, tandis que cette dernière lui revenait précipitamment :
« Et jusqu'à nouvel ordre, ce sera Lieutenant Einar ou Einar tout cours si vous trouvez ça plus simple. »
Oui, ça manquait de professionnalisme, certes... Mais c'était bien le cadet de ces soucis, l'appellation et les formes militaires.
Oui, vraiment le derniers de ses soucis.