Jarvis Stark pénétra dans la grande cafétéria de Balor d’un pas de propriétaire, comme si l’endroit tout entier–du moindre flacon de ketchup aux marmtions qui s’agitaient en cuisine- lui appartenait. Jarvis était de ces hommes dont la prestance était telle qu’elle semblait presque les précéder de quelques mètres partout où ils allaient, comme pour s’assurer que personne ne passe à côté de lui sans le remarquer. Ce qui aurait été extrêmement difficile : Stark irradiait tellement l’assurance que tous les regards finissaient fatalement par se tourner vers lui comme des papillons de nuits attirés par la flamme. Des regards parfois subjugués, parfois dégoûtés, parfois méprisants mais presque toujours impressionnés. Là où Jarvis Stark passait, les têtes se retournaient.
Ce qui rendait très mal à l’aise le jeune fusillier qui avait pour mission de s’occuper de l’avocat durant tout son séjour sur Balor. C’était la procédure standard lorsqu’un civil de telle importance était admis dans une base militaire, et Stark devait en plus bénéficier d’une protection rapprochée. L’ARI et nombre de personnes haut-placées verraient d’un très mauvais œil qu’il arrive quelque chose à Jarvis lors de son séjour sur Balor et, même si l’homme était considéré comme une ordure que peu de monde regretterait, tout accident nuirait irrémédiablement à la bonne entente entre la flotte et les agences civiles. Ce qui n’aidait pas l’enseigne Scotty Wolcott à diminuer sa nervosité. Il n’avait pas signé pour ça ! Il n’était pas entré dans le corps des fusilliers de la flotte pour servir de chaperon à un avocat, bon sang ! Scotty soupira tristement, songeant au fait que c’était le genre de tâche qui échouait fatalement aux soldats peu dégourdis comme lui. Il avait à peine vingt-deux ans, et n’avait jamais brillé au sein de sa section. Pas étonnant que le major Barney l’ait désigné pour la tâche…
Cela dit, Jarvis Stark ne se comportait pas de la manière ignoble et terrible que Wolcott attendait, compte tenu de ce qu’il savait sur l’homme de loi. A vrai dire, Stark était plutôt sympathique avec lui, et s’il ne cachait pas son ennui de se retrouver coincé sur Balor, il n’avait pas fait preuve d’un comportement odieux. Il avait fait rougir l’enseigne comme une pivoine en lui demandant où est-ce que se trouvaient les jolies femmes sur Balor, et où est-ce qu’on pouvait trouver un coup à boir, mais il s’était montré plutôt agréable vis-à-vis du jeune homme.
Et Stark se rendait parfaitement compte de l’impression qu’il dégageait. Et s’en amusait énormément. Etre l’une des personnalités jugée comme la plus immorale et détestable du Cercle ne faisait pas de lui un homme passant son temps à s’en prendre aux autres. Jarvis laissait pourtant sa réputation le précéder, et e charger du reste. Selon lui , nombre de femmes aimaient se laisser prendre dans des filets aussi obscurs, et son expérience lui avait jusque là donner raison. Rien de tel qu’une réputation plus que sulfureuse pour attirer les beaux regards. Mais en attendant, Jarvis n’était pas du genre à martyriser un gosse comme Scotty Wolcott pour le plaisir. Il préférait passer son temps à trouver comment s’occuper dans un coin aussi ennuyeux que Balor. Les militaires étaient si coincés, si peu aptes à se laisser aller que c’en était franchement ennuyeux. Stark avait à peine croisé le commandant Portanares, et l’homme avait confirmé la faible opinion que Jarvis avait des officiers en général. Non pas parce qu’il doutait des capacités du commandant de Balor, mais simplement parce que ce Federico était un haut gradé, et qu’ils étaient généralement encore plus pénibles que les autres. Le personnel de la flotte ne semblait d’ailleurs pas plus ravi que Stark de le voir déambuler dans la station. Jarvis se demanda encore une fois s’il avait bien fait de céder aux pressions des supérieurs de l’ARI chargés de sa protection et d’accepter ce séjour sur Balor. Ce n’étaient pas exactement les vacances qu’il avait en tête. La base manquait clairement de cocotiers, de rhums et de naïades à moitié nue à son goût. Et il n’avait même pas la moindre petite affaire à se mettre sous la dent ! Plaider ne lui manquait pas spécialement en ce moment, mais cela lui aurait au moins permis de s’occuper. Maintenant, il n’avait plus qu’à trouver une femme d’équipage à dévergonder, histoire de tuer le temps… Il avait aussi entendu dire que le second de ce tas de métal était un poivrot patenté ; peut-être Stark arriverait-il à se fournir auprès de lui, afin de boire quelque chose de correct dans cette foutue base.
Mais pour l’heure, il avait envie de manger quelque chose. Et si la tambouille qu’il soupçonnait les cuistots de la flotte capables de préparer ne lui disait guère, il fallait malgré tout qu’il se remplisse l’estomac. L’avocat tapota l’épaule de Wolcott, qu’il sentit sursauter, et lui sourit de toutes ses dents :
« Et si vous nous trouviez une table, Scotty ? »
Jarvis avait débranché ses lunettes de vue artificielle, peu désireux de s’encombrer du mal de crâne qu’elles finissaient toujours par lui donner en retour de leurs services. Et puis, s’il devait passer du temps sur Balor, autant s’habituer à ce nouvel environnement de nuit éternelle. Se fiant au son précis des pas de Wolcott, Jarvis suivit l’enseigne jusqu’à l’une des nombreuses tables libres de la cafétéria, et tâtonna habilement jusqu’à trouver une chaise où il s’assit avec grâce, rejetant les pans de son costume noir sur mesure. Scotty resta debout derrière lui, ne sachant trop que faire, et Jarvis l’invita à s’asseoir :
« Vous n’allez pas mieux faire votre boulot en restant planté là ! Asseyez-vous, et voyons ce qu’on peut nous servir dans ce bouge… »
Et, tandis que Wolcott prenait place d’un air hésitant, Jarvis finit de mauvaise grâce par allumer ses lunettes, histoire jeter un œil rapide sur ce que les chefs de Balor avaient décidé de servir au mess aujourd’hui…
Ce qui rendait très mal à l’aise le jeune fusillier qui avait pour mission de s’occuper de l’avocat durant tout son séjour sur Balor. C’était la procédure standard lorsqu’un civil de telle importance était admis dans une base militaire, et Stark devait en plus bénéficier d’une protection rapprochée. L’ARI et nombre de personnes haut-placées verraient d’un très mauvais œil qu’il arrive quelque chose à Jarvis lors de son séjour sur Balor et, même si l’homme était considéré comme une ordure que peu de monde regretterait, tout accident nuirait irrémédiablement à la bonne entente entre la flotte et les agences civiles. Ce qui n’aidait pas l’enseigne Scotty Wolcott à diminuer sa nervosité. Il n’avait pas signé pour ça ! Il n’était pas entré dans le corps des fusilliers de la flotte pour servir de chaperon à un avocat, bon sang ! Scotty soupira tristement, songeant au fait que c’était le genre de tâche qui échouait fatalement aux soldats peu dégourdis comme lui. Il avait à peine vingt-deux ans, et n’avait jamais brillé au sein de sa section. Pas étonnant que le major Barney l’ait désigné pour la tâche…
Cela dit, Jarvis Stark ne se comportait pas de la manière ignoble et terrible que Wolcott attendait, compte tenu de ce qu’il savait sur l’homme de loi. A vrai dire, Stark était plutôt sympathique avec lui, et s’il ne cachait pas son ennui de se retrouver coincé sur Balor, il n’avait pas fait preuve d’un comportement odieux. Il avait fait rougir l’enseigne comme une pivoine en lui demandant où est-ce que se trouvaient les jolies femmes sur Balor, et où est-ce qu’on pouvait trouver un coup à boir, mais il s’était montré plutôt agréable vis-à-vis du jeune homme.
Et Stark se rendait parfaitement compte de l’impression qu’il dégageait. Et s’en amusait énormément. Etre l’une des personnalités jugée comme la plus immorale et détestable du Cercle ne faisait pas de lui un homme passant son temps à s’en prendre aux autres. Jarvis laissait pourtant sa réputation le précéder, et e charger du reste. Selon lui , nombre de femmes aimaient se laisser prendre dans des filets aussi obscurs, et son expérience lui avait jusque là donner raison. Rien de tel qu’une réputation plus que sulfureuse pour attirer les beaux regards. Mais en attendant, Jarvis n’était pas du genre à martyriser un gosse comme Scotty Wolcott pour le plaisir. Il préférait passer son temps à trouver comment s’occuper dans un coin aussi ennuyeux que Balor. Les militaires étaient si coincés, si peu aptes à se laisser aller que c’en était franchement ennuyeux. Stark avait à peine croisé le commandant Portanares, et l’homme avait confirmé la faible opinion que Jarvis avait des officiers en général. Non pas parce qu’il doutait des capacités du commandant de Balor, mais simplement parce que ce Federico était un haut gradé, et qu’ils étaient généralement encore plus pénibles que les autres. Le personnel de la flotte ne semblait d’ailleurs pas plus ravi que Stark de le voir déambuler dans la station. Jarvis se demanda encore une fois s’il avait bien fait de céder aux pressions des supérieurs de l’ARI chargés de sa protection et d’accepter ce séjour sur Balor. Ce n’étaient pas exactement les vacances qu’il avait en tête. La base manquait clairement de cocotiers, de rhums et de naïades à moitié nue à son goût. Et il n’avait même pas la moindre petite affaire à se mettre sous la dent ! Plaider ne lui manquait pas spécialement en ce moment, mais cela lui aurait au moins permis de s’occuper. Maintenant, il n’avait plus qu’à trouver une femme d’équipage à dévergonder, histoire de tuer le temps… Il avait aussi entendu dire que le second de ce tas de métal était un poivrot patenté ; peut-être Stark arriverait-il à se fournir auprès de lui, afin de boire quelque chose de correct dans cette foutue base.
Mais pour l’heure, il avait envie de manger quelque chose. Et si la tambouille qu’il soupçonnait les cuistots de la flotte capables de préparer ne lui disait guère, il fallait malgré tout qu’il se remplisse l’estomac. L’avocat tapota l’épaule de Wolcott, qu’il sentit sursauter, et lui sourit de toutes ses dents :
« Et si vous nous trouviez une table, Scotty ? »
Jarvis avait débranché ses lunettes de vue artificielle, peu désireux de s’encombrer du mal de crâne qu’elles finissaient toujours par lui donner en retour de leurs services. Et puis, s’il devait passer du temps sur Balor, autant s’habituer à ce nouvel environnement de nuit éternelle. Se fiant au son précis des pas de Wolcott, Jarvis suivit l’enseigne jusqu’à l’une des nombreuses tables libres de la cafétéria, et tâtonna habilement jusqu’à trouver une chaise où il s’assit avec grâce, rejetant les pans de son costume noir sur mesure. Scotty resta debout derrière lui, ne sachant trop que faire, et Jarvis l’invita à s’asseoir :
« Vous n’allez pas mieux faire votre boulot en restant planté là ! Asseyez-vous, et voyons ce qu’on peut nous servir dans ce bouge… »
Et, tandis que Wolcott prenait place d’un air hésitant, Jarvis finit de mauvaise grâce par allumer ses lunettes, histoire jeter un œil rapide sur ce que les chefs de Balor avaient décidé de servir au mess aujourd’hui…