[Note: ce sujet se déroule peu après la bataille de Troie impliquant Pandore, donc bien avant le scénario. Lecteurs de ce post, vous vous retrouvez donc dans le passé. Faites attention à ne pas piétiner de papillon et à ne pas perturber le continuum-espace temps, et tout ira bien. X) ]
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Tanner Garode termina d’essuyer le verre qu’il tenait entre ses mains, le rangea derrière le bar et reposa le torchon à sa place. Il existait des moyens beaucoup plus modernes de sécher un simple verre ; même les établissements les plus modestes disposaient d’une de ces petites machines où il suffisait de laisser le verre une ou deux secondes à l’intérieur pour éliminer la moindre trace d’humidité. Mais le grand roux dégingandé qui assurait le service derrière le comptoir préférait le contact direct avec le verre et le torchon. Cela lui donnait la véritable impression de travailler, d’y être pour quelque chose. Et puis il aimait à penser que tout barman qui se respecte prenne le temps d’essuyer soi-même un verre à l’ancienne, de préférence en jetant un regard suspicieux aux nouvelles têtes. Mais si les torchons étaient importants pour Tanner, la suspicion l’était beaucoup moins. Il était même difficile de faire moins suspicieux que Tanner Garode. L’homme avait toujours un sourire à disposition derrière sa fine moustache, aussi flamboyante que sa chevelure, et il incarnait la joie de vivre tranquille de ceux qui savaient parfaitement ce qu’ils attendaient de la vie et qui s’en contentaient. A quarante ans passés, Tanner n’était peut-être qu’un modeste propriétaire d’un petit bar à l’échelle de l’univers, mais il n’accordait guère d’importance à ce que l’univers pouvait penser de lui. Il était très bien où il était, à servir des verres dans sa gargote sur Troie, à Dédale. Tant que les livreurs apportaient à temps ses provisions en boissons et cacahuètes grillées, l’univers pouvait très bien attendre ; il avait certainement d’autres choses à faire, et Tanner aussi. En fait, le seul moyen qui aurait forcé Tanner à s’intéresser à l’univers aurait été que ce dernier pousse un jour les portes du bar et commande un double-whisky et une poignée de cacahuètes.
Pour l’un des seuls clients qui se trouvait présent en plein-après midi de semaine, l’univers non plus n’avait pas une grande importance. Jan Sanada était pleinement conscient que les forces cosmiques devaient certainement avoir un rôle pour lui, mais il n’était nullement pressé de le jouer. Il avait d’autres choses en tête. Comme se préparer au nouveau rôle qu’il allait devoir jouer. Lorsque la vivenef de contrebande Pandore avait combattu dans l’espace troyen, Jan s’y trouvait déjà à bord en tant qu’Ethan Geetaï. Et si cette manœuvre des forces légales du Cercle avaient bien failli vaporiser sa couverture en même temps que son existence, elle lui avait aussi offert une formidable possibilité d’avancement au sein de l’équipage des contrebandiers les plus insaisissables –ou presque- du Cercle. Le bosco n’avait pas survécu, et Jan avait su joué de son charme et faire valoir ses capacités pour obtenir le poste du défunt. Et dès que les réparations dont Pandore avait besoin seraient terminées, il prendrait officiellement ses nouvelles fonctions. Il aimait bien son prédécesseur, pour un contrebandier, mais ce n’était pas ce qui lui posait réellement problème. Non, ce qui lui posait réellement problème, c’est qu’après si peu de temps infiltré parmi l’équipage de Pandore, il commençait à apprécier celui-ci dans sa totalité. Ce qui n’était compatible ni avec les missions d’infiltration qu’il dirigeait en tant que commodore dans la flotte du Cercle, ni avec les aspirations qu’il s’était fixée lorsque la femme qu’il aimait par-dessus était morte.
Jan Sanada, alias Ethan Geetaï, se sentait donc un peu perdu, fait plutôt inhabituel pour l’homme confiant et léger qu’il donnait toujours l’impression d’être. Il passa une main dans ses cheveux, coupés plus courts et décolorés à l’extrême pour le bien de sa fausse identité, et contempla le fond de son verre de gin, qu’il avait presque terminé. Un profond soupir lui fit tourner la tête, et il baissa le regard pour contempler celui de son plus fidèle compagnon, qui l’accompagnait pratiquement partout, et ce même en mission.
« Tu as raison Maruk, la vie est dure… »
Jan sourit et gratta la tête du gros chien à l’allure de labrador qui s’était hissé sur l’un des larges tabourets du bar, aux côtés de son maître. Tanner Garode avait tout d’abord voulu protester, par principe, mais il n’avait jamais songé à mettre une indication qui interdisait les animaux dans son bar, et il avait le cœur trop gros pour foudroyer une bête comme Maruk du regard. Et puis il aimait bien le chien et son maître. Ils étaient devenus des clients réguliers ces derniers jours, et si Geetaï et Garode n’avaient échangé que des banalités, ils avaient fini par bien s’entendre. Quant à Maruk, il aimait beaucoup Ganner parce que le grand roux avait rapidement cédé à ses mimiques insistantes et lui gardait toujours une belle poignée de cacahuètes grillées. Maruk aimait les cacahuètes grillées, Tanner Garode lui donnait des cacahuètes grillées, donc Maruk aimait Tanner Garode et lui vouait depuis lors un amour presque aussi indéfectible que celui qu’il portait à son maître. Le chien leva la tête en voyant Tanner bouger derrière le bar, mais comme celui-ci ne fit pas mine de vouloir lui distribuer des arachides pour l’instant, il laissa retomber sa truffe sur le comptoir, s’abandonnant aux gratouilles songeuses de Sanada.
Les doigts perdus dans le pelage de Maruk , Sanada se demandait pour sa part s’il allait redemander un verre au barman. Non pas qu’il ait peur de finir ivre en plein après-midi –d’autant plus qu’il tenait l’alcool à merveille- mais parce qu’il avait simplement envie de se poser une question qui n’impliquait pas une réflexion profonde sur ce à quoi il avait voué sa vie ces dernières années. Le nouveau bosco de Pandore avait besoin de se changer les idées et, le temps de quelques secondes, souhaita se retrouver n’importe où ailleurs. Sur le pont du Sélène, avec son équipage, ses amis, ou au bord de l’océan sur Tenkaï, sa planète natale…
« Mais ce qu’on veut est rarement ce que l’on doit faire, hein mon gros ? » soupira-t-il plus pour lui-même que pour Maruk, sans se rendre compte qu’un nouveau cliente venait de se glisser vers le comptoir…
Pour l’un des seuls clients qui se trouvait présent en plein-après midi de semaine, l’univers non plus n’avait pas une grande importance. Jan Sanada était pleinement conscient que les forces cosmiques devaient certainement avoir un rôle pour lui, mais il n’était nullement pressé de le jouer. Il avait d’autres choses en tête. Comme se préparer au nouveau rôle qu’il allait devoir jouer. Lorsque la vivenef de contrebande Pandore avait combattu dans l’espace troyen, Jan s’y trouvait déjà à bord en tant qu’Ethan Geetaï. Et si cette manœuvre des forces légales du Cercle avaient bien failli vaporiser sa couverture en même temps que son existence, elle lui avait aussi offert une formidable possibilité d’avancement au sein de l’équipage des contrebandiers les plus insaisissables –ou presque- du Cercle. Le bosco n’avait pas survécu, et Jan avait su joué de son charme et faire valoir ses capacités pour obtenir le poste du défunt. Et dès que les réparations dont Pandore avait besoin seraient terminées, il prendrait officiellement ses nouvelles fonctions. Il aimait bien son prédécesseur, pour un contrebandier, mais ce n’était pas ce qui lui posait réellement problème. Non, ce qui lui posait réellement problème, c’est qu’après si peu de temps infiltré parmi l’équipage de Pandore, il commençait à apprécier celui-ci dans sa totalité. Ce qui n’était compatible ni avec les missions d’infiltration qu’il dirigeait en tant que commodore dans la flotte du Cercle, ni avec les aspirations qu’il s’était fixée lorsque la femme qu’il aimait par-dessus était morte.
Jan Sanada, alias Ethan Geetaï, se sentait donc un peu perdu, fait plutôt inhabituel pour l’homme confiant et léger qu’il donnait toujours l’impression d’être. Il passa une main dans ses cheveux, coupés plus courts et décolorés à l’extrême pour le bien de sa fausse identité, et contempla le fond de son verre de gin, qu’il avait presque terminé. Un profond soupir lui fit tourner la tête, et il baissa le regard pour contempler celui de son plus fidèle compagnon, qui l’accompagnait pratiquement partout, et ce même en mission.
« Tu as raison Maruk, la vie est dure… »
Jan sourit et gratta la tête du gros chien à l’allure de labrador qui s’était hissé sur l’un des larges tabourets du bar, aux côtés de son maître. Tanner Garode avait tout d’abord voulu protester, par principe, mais il n’avait jamais songé à mettre une indication qui interdisait les animaux dans son bar, et il avait le cœur trop gros pour foudroyer une bête comme Maruk du regard. Et puis il aimait bien le chien et son maître. Ils étaient devenus des clients réguliers ces derniers jours, et si Geetaï et Garode n’avaient échangé que des banalités, ils avaient fini par bien s’entendre. Quant à Maruk, il aimait beaucoup Ganner parce que le grand roux avait rapidement cédé à ses mimiques insistantes et lui gardait toujours une belle poignée de cacahuètes grillées. Maruk aimait les cacahuètes grillées, Tanner Garode lui donnait des cacahuètes grillées, donc Maruk aimait Tanner Garode et lui vouait depuis lors un amour presque aussi indéfectible que celui qu’il portait à son maître. Le chien leva la tête en voyant Tanner bouger derrière le bar, mais comme celui-ci ne fit pas mine de vouloir lui distribuer des arachides pour l’instant, il laissa retomber sa truffe sur le comptoir, s’abandonnant aux gratouilles songeuses de Sanada.
Les doigts perdus dans le pelage de Maruk , Sanada se demandait pour sa part s’il allait redemander un verre au barman. Non pas qu’il ait peur de finir ivre en plein après-midi –d’autant plus qu’il tenait l’alcool à merveille- mais parce qu’il avait simplement envie de se poser une question qui n’impliquait pas une réflexion profonde sur ce à quoi il avait voué sa vie ces dernières années. Le nouveau bosco de Pandore avait besoin de se changer les idées et, le temps de quelques secondes, souhaita se retrouver n’importe où ailleurs. Sur le pont du Sélène, avec son équipage, ses amis, ou au bord de l’océan sur Tenkaï, sa planète natale…
« Mais ce qu’on veut est rarement ce que l’on doit faire, hein mon gros ? » soupira-t-il plus pour lui-même que pour Maruk, sans se rendre compte qu’un nouveau cliente venait de se glisser vers le comptoir…