par Andrea Cyn Ven 11 Avr 2008 - 23:45
Eh bien quoi ? On ne pouvait plus être tranquille dans sa petite cale, maintenant ? C’était quoi ce bordel ?
Une grande femme d’allure sévère était entrée sans dire bonjour ni rien. Andrea l’avait regardé et reconnu en elle le Commandant de Pandore, bien qu’il ne l’eût jamais vu. Elle s’était avancée, mais alors un écran de l’ordinateur central s’était allumé tout seul. Andrea, lui, n’avait jamais vu l’un de ces écrans s’allumer. Il se rendit alors compte qu’il dormait en compagnie d’un ordinateur à personnalité depuis des moi sans jamais avoir pu lui adresser la parole. Génial, n’est-ce pas ?
Apparemment, discuter avec Pandore était le privilège du Commandant… Et encore…
Si Pandore s’était adressée à son Commandant, ce n’était visiblement pas par envie, mais par nécessité. Elle réclamait comme une gosse impatiente d’envoyer le vaisseau sur Mars pour affronter des ennemis inconnus afin d’aider son copain Adonis. Bon, Andrea ne pouvait pas juger de la situation. Enfermé dans sa cale depuis qu’il était arrivé sur Pandore, Andrea n’avait aucune idée de l’état du vaisseau. On lui avait dit qu’il était mal en point, mais pour lui, c’était très vague. De toute façon, le Commandant accepta rapidement car, d’après ce que savait Andrea des Vivenefs, elle n’avait pas tellement le choix. C’était une chose qui fascinait Andrea : la confiance qu’on avait donné à ces ordinateurs à personnalité lorsqu’on avait construit les Vivenefs.
Bref, cette formalité expédiée, le Commandant pris soin de faire son petit discours à l’équipage. Andrea en profita pour noter les informations qui l’intéressaient : si tout se passait bien, ils partiraient d’ici une heure en direction du système solaire.
Et le Commandant s’intéressa enfin à Andrea qui s’apprêtait à déclarer d’une voix forte : « Oh ! Mais surtout, faîtes comme si je n’étais pas là ! Ne vous dérangez pas pour moi ! ». Mais non, le Commandant le salua par un « J’ai lu dans votre dossier que vous vous y connaissiez en maintenance. ». Andrea n’eut pas le temps de répondre « Moi aussi je vous souhaite le bonjour. » qu’elle ajouta un « C’est le moment de le prouver. ».
« Ah. »
Nom de Dieu ! Mais il avait fait huit ans d’études pour devenir lieutenant de maintenance et n’importe qui pouvait le savoir !
Puis la chaleureuse Commandante se tourna vers la gamine qui avait soutenu Pandore avec tant d’énergie, comme si Andrea ne méritait que quelques secondes de son attention. Il fut en tout cas convaincu que c’était bien ce qu’elle pensait. Elle lui ordonna d’emmener le « lieutenant Cyn » et Andrea en conclut qu’il venait d’être nommé lieutenant de maintenance de la Vivenef Pandore, bien qu’on ne le lui ait jamais annoncé et bien qu’il n’ait signé aucun contrat. Et puis Le Commandant chuchota quelque chose à la gamine avant de partir d’un pas vif et noble, la truffe au vent. Bon, on lui faisait des cachotteries. Andrea espéra qu’elle lui avait seulement dit qu’elle aurait un gâteau si elle était sage. Mais il se doutait malheureusement qu’on conseillait à la gamine de bien le surveiller, comme si Andrea ne faisait pas le poids face à une simple gamine. Une nouvelle humiliation. Était-il donc si maigre que cela ?
Et voilà, Andrea se retrouvait tout seul avec une gosse, ne comprenant pas bien pourquoi il avait changé de situation aussi rapidement. Et il était si frustré qu’après le départ du Commandant, il se leva et tendit le bras dans le vide, un sourire ironique figé sur son visage.
« Bonjour, madame. Vous êtes le Commandant de Pandore, je présume ? C’est un grand honneur de faire votre connaissance. Je suis Andrea Cyn, vous savez, le prisonnier qui dort dans la cale. Oui, en effet, j’ai suivi un cursus de huit ans à l’Académie des Officiers Spatiaux de Babylone. J’ai tous les diplômes nécessaires pour faire un excellent lieutenant de maintenance et je suis sorti premier de ma promotion. Oh ! L’élite de la Flotte, tout de suite ! Vous me flattez. Oh ! Oui ! Ce serait un grand honneur de servir à vos côtés ! Je serais ravi de contribuer aux réparations de la grande Vivenef Pandore. Très bien. Je signe où ? Ici ? Voilà. C’est bien aimable à vous de me donner un guide pour trouver la salle des machines, le pont, l’infirmerie, le mess et mes quartiers. Une visite complète ? Oh ! Grand Dieu, non ! Je ne veux pas importuner trop longtemps cette pauvre petite X. Non, non, n’insistez pas. Merci Commandant. On se verra plus tard sur le pont. Au revoir ! Bon courage ! »
Le rictus d’Andrea se transforma en un pli amer. Il laissa tomber son bras le long de son corps. Il prit une longue inspiration pour se calmer et se tourna vers la petite fille à laquelle il lança un regard critique. Puis il se mit à genou en une fausse posture de soumission avant de déclamer, avec une puissante ironie :
« Ma misérable vie est entre vos mains, ô terrifiant geôlier ! »
Mais évidemment, Andrea n’était pas aussi à l’aise qu’il n’y paraissait. Il ne savait pas comment se comporter avec les enfants et il avait tendance à vouloir faire comme s’il s’agissait d’adultes qui comprenaient parfaitement l’ironie. Mais malheureusement, c’était très rarement le cas et il se retrouvait généralement dans des situations très gênantes où les gosses le regardaient comme un extraterrestre (ce qu’il était, comme tout le monde, après tout). Non, il ne savait vraiment pas y faire avec les gosses…