[Mama mia que de monde, pourquoi j’ai pas répondu plus tôt moi…Désolé pour ce retard^^
Ah ouai, on a des canonnières ou pas alors ?
Et puis…Il est très bien, ton plan, Lana, ia pas de problème^^]
Sirano se tordit les doigts en pensant au fait que, non, il ne pourrait pas aider ses hommes par un tir de couverture, ni Lana Lane, ni personne, car il était absolument incapable d’opposer la moindre résistance à leurs adversaires et était donc obligé de faire profil bas en attendant de l’aide. En somme, il n’avait d’autre alternative que de tout faire reposer sur les épaules de Gilad Antilles, ce qui, plus que le fait d’être défavorisé en lui-même, l’horripilait au plus haut point.
Cependant il fallait bien accepter le fait qu’il en pourrait pas « assurer un tir de couverture ». Tout ça parce que cette bande d’inconnus se pointaient comme le cheveu sur la soupe pour déranger une IA qui n’avait rien demandé à personne. Qu’est-ce que ces gens pouvaient bien chercher ici ? Il n’y avait nul intérêt à investir la colonie martienne, n’eut été Lana Lane elle-même, mais le fait qu’elle ait une personnalité devrait empêcher quiconque de la soumettre (allez cracker une IA…) et le fait qu’elle soit un ordinateur la préservait admirablement de la torture. Alors, si on excluait Lana, que restait-il ? De vieux murs de bêton et d’acier, ce qui représentait alors de la bonne qualité, et de quoi défendre la zone, mais les vaisseaux en noirs n’avaient pas l’air de manquer d’armes. La base renfermait-elle des ressources inconnues ? Le dôme permettait-il de percer les défenses surhumaines de Lana Lane et d’en extirper les données intéressantes comme on lobotomiserait quelqu’un pour lui arracher le cerveau ? Sirano frissonna.
-Je suis sincèrement désolé, commandant Antilles, je ne peux pas vous assurer de tir de couverture sans risquer pour autant des représailles de l’ensemble de la flotte ennemie. Il va donc vous falloir gérer la situation seule, et croyez bien que ce n’est pas ce que j’aurais souhaité, mais les batailles sont rarement telles qu’on espérerait qu’elles soient.
*Sinon, elles ne seraient pas. Les convois de cargos se rendraient sans rechigner et nous aideraient même à arraisonner et les vaisseaux noirs se contenteraient de faire de la maintenance technique. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles pour les pirates. J’aurais du rester dans mon goulag moi…*
Mais cette fois, rien que cette fois, il aurait voulu que la bataille soit comme elle aurait du être. Ne pas être obligé de regarder sans rien faire, c’était trop injuste autrement. Il avait les doigts crispés à s’en blanchir les jointures sur son fauteuil de commandement, et décida qu’il valait peut-être mieux éviter de faire souffrir, quoi que celui-ci fût conçu pour résister à bien plus de pression que ce qu’il pouvait produire.
Sirano eut un sourire sarcastique quand il fut question de ce que deviendrait la jeune femme coincée avec Lana Lane une fois que ses hommes auraient réussi leur mission. Ça méritait la réflexion, il n’allait bien sûr pas l’enfermer dans le mât de misaine, mais, pour le temps de la bataille du moins, la plus courte possible il l’espérait, il faudrait bien qu’elle accepte d’aider les pirates. Restait à espérer qu’elle ne soit pas trop obtuse.
-Vous avez carte blanche pour la réalisation de votre mission, informa le commandant du vaisseau, et vous avez également raison, une fois cette femme sur le vaisseau, ce sera mon problème.
Sirano observa Gilad Antilles qui partait, hochant la tête à sa suggestion tout ce qu’il y avait de plus intelligente, quand une voix qu’il ne connaissait pas se fit entendre, soudain. Il jeta un regard circulaire alentours, repérant un jeune homme qu’il n’avait pas vu, un shitennô aux cheveux bleus et à la peau pâle.
-Accordée, répondit machinalement Sirano, néanmoins étonné par la rigidité du jeune homme alors qu’il avait l’habitude de plus de familiarité.
Sans aller jusqu’à être intime avec lui, les membres de son équipage prenaient rarement la peine d’appliquer une discipline militaire, sans doute parce qu’ils étaient des pirates, et considéraient de fait qu’il n’était pas utile de se montrer à cheval sur l’étiquette.
Dans l’absolu, Sirano s’en fichait tant que l’on ne se perdait pas en fioritures de langage et tant qu’on évitait de lui couper la parole. Il écouta le shitennô exposer ses idées, observant ce qu’il avançait au fur et à mesure sur ses propres écrans de contrôle ; la position des satellites, leur vitesse, le tracé de leur orbite ; force était de constater que cette personne qu’il en connaissait pas encore avait raison. Cependant il était plus avantageux de rester en place que de se cacher. Mais si les ennemis attaquaient, à ce moment-là, il vaudrait mieux être à couvert. La grande question était, « est-ce qu’ils allaient décider que l’envoi des chasseurs serait suffisant pour riposter depuis l’espace ? ». Dans ce cas-là, il était envisageable que le bouclier des satellites ne soit qu’un répit plutôt qu’une protection absolue.
Tout en réfléchissant à ça, Sirano consultait de l’œil la fiche du shitennô, stagiaire sur le vaisseau en tant que lieutenant tactique. Il aurait du s’en douter…
-Vous avez une idée pour la position du leurre, lieutenant Aéris ? demanda Sirano, observant en même temps plusieurs cartes à différentes échelles du complexe vu de l’extérieur. Le hangar pourrait être intéressant non ? proposa-t-il en désignant un hangar à drones au sud-est de la base.
Ce dernier était en périphérie de la base, tandis que le centre de commandement où devraient sans doute se rendre ses hommes se trouvait selon toute probabilité au centre du complexe. De plus des droïdes de combat par dizaines seraient très utiles à Adonis, bien qu’ils soient vétustes. En pratique, ils ne marchaient sans doute plus, cependant l’endroit avait l’air d’avoir résisté aux assauts du temps, alors le doute était permis.
Il comptait demander son avis à Lana Lane quand elle prit la parole de nouveau, répondant à ses questions après un temps de réflexion que le commandant n’avait pas remarqué du fait de l’arrivée du lieutenant tactique qu’il ne connaissait que grâce aux informations qu’il avait sur lui dans sa base de données.
« Leur puissance de feu n’est pas énorme », dit Lana Lane quant aux drones. Sirano serra les lèvres. Sachant qu’un caillou lancé suffisamment fort pouvait tuer un homme sans protections, et que ses pilotes ne se baladaient pas avec des exosquelettes, le fait que les drones n’aient qu’une faible puissance de feu ne le rassurait vraiment pas. Malgré leurs protections, un tir bien ajusté (« ils sont précis ») devait pouvoir faire des dégâts. Cependant, entre ce que l’IA avait voulu dire et ce qu’il avait compris, il y avait peut-être un fossé, aussi valait-il mieux ne pas tirer de conclusions trop hâtives, d’autant qu’elle, elle avait l’air de trouver ce détail rassurant.
*Je serais quand même étonné qu’ils n’aient pas au moins un laser de quarante kilojoules.*
L’équivalent d’une arme portative de classe militaire, un fusil d’assaut par exemple. Equiper des drones de combat d’un calibre inférieur (arme de poing) aurait eu quelque chose d’étrange, mais après tout, ça favoriserait la légèreté et donc sans doute la mobilité.
-Vous pouvez quantifier leur puissance de feu ? demanda Sirano. Tant mieux, pour la DCA, je pense que ça nous sera utile. C’est vrai qu’en tant de guerre, ça se comprend que l’on ait construit une colonie bien défendue. Ils seront suffisamment efficaces pour avoir une incidence ?
Parce que Sirano n’était pas sans savoir que ces équipements étaient très vieux et avaient peut-être mal vieilli. Il remercia Lana Lane pour son plan et l’afficha en image holographique sur sa droite, bien en évidence. Pour bien faire, il faudrait que ses hommes se posent au nord-ouest, puis investissent la base en se séparant pour couvrir un maximum de points à reconnecter en un minimum de temps, avant de se charger des tourelles.
Sirano s’entortilla une mèche de cheveux autour de l’indexe tout en réfléchissant. Décidément, rien n’était simple aujourd’hui.
-Une fois toutes ces reconnections faites, est-il possible d’accéder à vous physiquement ?
Il n’était pas sûr de s’être bien exprimé, mais le fait de se rendre dans le centre de commandement de Lana Lane tout de suite permettrait de mettre Sara en sécurité, ce serait déjà une bonne chose de faite. Est-ce que transférer Lana Lane était bien possible ? Allez savoir. Est-ce qu’Adonis disposerait de l’espace virtuel nécessaire pour l’accueillir ? Là était une autre question importante. D’ailleurs, qu’était Lana Lane ? Des lignes de code extrêmement complexes ? Un cerveau humain connecté à l’informatique ? Il paraissait qu’on ne se servait que de dix pourcents de son cerveau. Peut-être que Lana Lane représentait ce que nous serions en utilisant cent pourcents de l’organe.
L’intervention de Sara rassura un peu le commandant, qui sentit enfin une présence connue, et amie, prêt de lui. Cependant il n’était pas d’accord sur ce qu’elle venait de dire…
-Ce sera trop long d’attendre, dit-il, il faut intervenir tout de suite sans quoi nous ne servirons à rien. Attendre les renforts ou partir et laisser Lana se débrouiller revient sensiblement au même, les spectateurs en moins…
Non, il n’y pas d’autre alternative, il fallait passer à l’action, le plus tôt serait le mieux, mais sans se précipiter, et en gardant tout de même la plus grande marge de sécurité possible, comme le préconisait Sarah.
-Mais nous n’avons pas de devoir…conclut-il.
Il ne se départait pas de l’idée de venir en aide aux deux femmes pour autant, mais c’était une question de morale, et pas de devoir ou de code de la navigation spatiale, ce qui, même si cela revenait au même, faisait pour lui une grande différence.