Amelia Caine posa la tasse de thé vide sur la table en bois ouvragé qui trônait dans sa cabine et fit quelques pas pour se mettre face au miroir qui ornait l’une des portes de sa penderie. Elle y contempla brièvement son reflet, le temps de s’assurer que sa peau était claire, ce qui signifiait que son organisme fonctionnait correctement en ce début de matinée. Dégageant une mèche de cheveux roux tandis que le reste de leur masse se terminait en l’habituelle lourde tresse qui lui tombait dans le dos, elle jeta un œil au chrono sur sa table de nuit : 6h30. Parfait, elle faisait les choses à l’heure, comme toujours.
Debout depuis une demi-heure, elle avait brièvement consulté les rapports nocturnes du Legacy sur son ordinateur avant de faire sa toilette et de chauffer du thé à la muscade dans le chauffe-eau qui ne la quittait jamais, où qu’elle soit affectée. Et depuis deux mois à trôner dans l’une des spacieuses cabines du grand vaisseau, il remplissait son office à merveille.
Mais pour l’heure, il était temps de s’y mettre ! Un dernier regard pour vérifier que sa tenue de sport matinal –une veste sportive blanche aux bandes dorées telles des épaulettes et un pantalon assorti et confortable- étaient corrects, et elle sortit de sa cabine, verrouillant la porte derrière elle. Elle contrôla les données qu’affichait le petit appareil qu’elle avait accroché à son poignet et, satisfaite de voir que jusque là elle était comme toujours dans les temps, s’élança dans la coursive en petites foulées.
Depuis soixante jours qu’elle avait pris le commandant du R.L.S Legacy pour le compte de Perry McGinley, les lève-tôt et les membres d’équipages de quart avaient pris l’habitude de voir Amelia traverser les couloirs au pas de course, accomplissant ce qu’elle nommait son « jogging matinal ». En plus de jouir des bienfaits d’un tel exercice –un esprit sain dans un corps sain étant l’une de ses devises favorites- elle en profitait également pour ainsi faire l’inspection d’un secteur ou l’autre du vaisseau.^
C’était aussi dans ces moments là qu’elle prenait le temps de se vider la tête, de se reposer l’esprit avant de commencer pour de bon sa journée de travail. Même si au fond, le commandant Caine ne cessait jamais vraiment : il y avait toujours un détail qu’elle remarquait ici et là, une tâche sur un conduit, un container abandonné, un marin un peu débraillé… En bon capitaine de navire, elle aimait à ce que tout soit –à défaut d’être parfait- le mieux possible.
Aussi, il n’était pas rare de la voir déambuler de son pas rapide en réfléchissant à voix haute sur comment améliorer le rendement de l’équipe des réacteurs ou de quelle manière accéder aux dernières demandes des cuistots de la cambuse (ce qui n’était pas toujours facile sur ce dernier point lorsque leur rôle était de nourrir des stars de la musique).
« Bonjour commandant ! »
« Bonjour, quartier-maître ; bombez le torse, la journée s’annonce bien, et cette chemise vous fait un ventre affreux ! »
Laissant derrière un quartier-maître occupé à se contempler le bedon d’un air stupéfait, Amelia continua sa course, courbant la tête pour passer sous des câbles qui tombaient du plafond. Ralentissant son rythme pour ne pas avoir à s’arrêter tout en jaugeant les dégâts, elle plissa les yeux et les leva pour voir les pieds apposés sur une échelle qui dépassaient du conduit d’aération :
« Ce n’est toujours pas réparé, John ? »
Un grognement lui répondit :
« On n'a plus ce qu’il faut à bord, commandant. Les musiciens qui dirigent ce rafiot pensent plus facilement aux cordes de guitares qu’aux câbles d’alimentation de série B-Y12."
« Logique. Leur boulot c’est la musique, le nôtre c’est la navigation, non? Vous allez vous en sortir, John ? »
« Ouais, ouais, j’vais arranger l’truc. Mais il faudra nous fournir en matériel à la prochaine escale. »
« J’en toucherai deux mots à monsieur McGinley, soyez sans craintes. »
« Bonne chance, commandant ! »
« Bon travail, John; je veux que ce vaisseau soit impeccable de la soute au cockpit! »
Caine reprit sa course sur un sourire, accélérant à nouveau le pas. John avait raison, cela dit : entretenir Perry McGinley sur d’autres sujets que la musique se révélait la plupart du temps…problématique. Mais si Amelia ne connaissait pas le bonhomme depuis longtemps, elle ne se laissait déjà plus impressionner.
Au moins, les autres membres du groupe étaient plus abordables, même s’ils s’y connaissaient tous autant en navigation de vaisseau interstellaire qu’elle en accord de basse et en partitions en sol mineur. A part jouer un peu de violon dans sa cabine pour se détendre, elle préférait leur laisser la musique tant qu’ils laissaient faire le boulot pour lequel elle était payée ici. Et avec un vaisseau de rêve comme le Legacy entre les mains, elle pouvait bien supporter leurs excentricités d’artistes. C’était aussi pour ça qu’elle aimait bien faire son petit tour d’inspection à ce moment de la journée ; à une heure pareille, elle avait peu de chance d’avoir un membre du groupe dans les pattes à la questionner sur le travail qu’elle accomplissait pour eux…
Debout depuis une demi-heure, elle avait brièvement consulté les rapports nocturnes du Legacy sur son ordinateur avant de faire sa toilette et de chauffer du thé à la muscade dans le chauffe-eau qui ne la quittait jamais, où qu’elle soit affectée. Et depuis deux mois à trôner dans l’une des spacieuses cabines du grand vaisseau, il remplissait son office à merveille.
Mais pour l’heure, il était temps de s’y mettre ! Un dernier regard pour vérifier que sa tenue de sport matinal –une veste sportive blanche aux bandes dorées telles des épaulettes et un pantalon assorti et confortable- étaient corrects, et elle sortit de sa cabine, verrouillant la porte derrière elle. Elle contrôla les données qu’affichait le petit appareil qu’elle avait accroché à son poignet et, satisfaite de voir que jusque là elle était comme toujours dans les temps, s’élança dans la coursive en petites foulées.
Depuis soixante jours qu’elle avait pris le commandant du R.L.S Legacy pour le compte de Perry McGinley, les lève-tôt et les membres d’équipages de quart avaient pris l’habitude de voir Amelia traverser les couloirs au pas de course, accomplissant ce qu’elle nommait son « jogging matinal ». En plus de jouir des bienfaits d’un tel exercice –un esprit sain dans un corps sain étant l’une de ses devises favorites- elle en profitait également pour ainsi faire l’inspection d’un secteur ou l’autre du vaisseau.^
C’était aussi dans ces moments là qu’elle prenait le temps de se vider la tête, de se reposer l’esprit avant de commencer pour de bon sa journée de travail. Même si au fond, le commandant Caine ne cessait jamais vraiment : il y avait toujours un détail qu’elle remarquait ici et là, une tâche sur un conduit, un container abandonné, un marin un peu débraillé… En bon capitaine de navire, elle aimait à ce que tout soit –à défaut d’être parfait- le mieux possible.
Aussi, il n’était pas rare de la voir déambuler de son pas rapide en réfléchissant à voix haute sur comment améliorer le rendement de l’équipe des réacteurs ou de quelle manière accéder aux dernières demandes des cuistots de la cambuse (ce qui n’était pas toujours facile sur ce dernier point lorsque leur rôle était de nourrir des stars de la musique).
« Bonjour commandant ! »
« Bonjour, quartier-maître ; bombez le torse, la journée s’annonce bien, et cette chemise vous fait un ventre affreux ! »
Laissant derrière un quartier-maître occupé à se contempler le bedon d’un air stupéfait, Amelia continua sa course, courbant la tête pour passer sous des câbles qui tombaient du plafond. Ralentissant son rythme pour ne pas avoir à s’arrêter tout en jaugeant les dégâts, elle plissa les yeux et les leva pour voir les pieds apposés sur une échelle qui dépassaient du conduit d’aération :
« Ce n’est toujours pas réparé, John ? »
Un grognement lui répondit :
« On n'a plus ce qu’il faut à bord, commandant. Les musiciens qui dirigent ce rafiot pensent plus facilement aux cordes de guitares qu’aux câbles d’alimentation de série B-Y12."
« Logique. Leur boulot c’est la musique, le nôtre c’est la navigation, non? Vous allez vous en sortir, John ? »
« Ouais, ouais, j’vais arranger l’truc. Mais il faudra nous fournir en matériel à la prochaine escale. »
« J’en toucherai deux mots à monsieur McGinley, soyez sans craintes. »
« Bonne chance, commandant ! »
« Bon travail, John; je veux que ce vaisseau soit impeccable de la soute au cockpit! »
Caine reprit sa course sur un sourire, accélérant à nouveau le pas. John avait raison, cela dit : entretenir Perry McGinley sur d’autres sujets que la musique se révélait la plupart du temps…problématique. Mais si Amelia ne connaissait pas le bonhomme depuis longtemps, elle ne se laissait déjà plus impressionner.
Au moins, les autres membres du groupe étaient plus abordables, même s’ils s’y connaissaient tous autant en navigation de vaisseau interstellaire qu’elle en accord de basse et en partitions en sol mineur. A part jouer un peu de violon dans sa cabine pour se détendre, elle préférait leur laisser la musique tant qu’ils laissaient faire le boulot pour lequel elle était payée ici. Et avec un vaisseau de rêve comme le Legacy entre les mains, elle pouvait bien supporter leurs excentricités d’artistes. C’était aussi pour ça qu’elle aimait bien faire son petit tour d’inspection à ce moment de la journée ; à une heure pareille, elle avait peu de chance d’avoir un membre du groupe dans les pattes à la questionner sur le travail qu’elle accomplissait pour eux…