La médecine avait beau eu avoir fait des progrès considérables en plus d’un millénaire –greffe de membres artificiels plus performants que les vrais, redonner un semblant de vue aux aveugles, guérir le cancer- il y avait une chose où elle n’avait bougé d’un poil : les désinfectants. Ils avaient traversé les siècles, changeant sans cesse de structure et de produits, mais ils n’avaient jamais cessé de brûler là où on les appliquait. Tous. Sans exceptions.
Joshua étant un homme, il était donc plus douillet que la moyenne, ce qui ne s’accordait jamais avec un bon désinfectant. Et celui que Shannel lui administrait était particulièrement corsé, assez pour que Joshua se fiche de montrer sa douleur devant un subalterne. Le fait qu’elle soit en train de l’aider ne nuançait même pas son jugement : du moment qu’elle faisait quelque chose, elle n’avait qu’à le faire bien, merde ! Et pas le faire souffrir encore plus !
Et puis cela faisait combien de temps que ce désinfectant là traînait dans ses affaires, à Joshua ? Dix ans ? Plus ? Ca n’avait pas une date de péremption ces trucs là ? Il aurait presque préféré que la bosco en revienne à l’alcool à brûler, tiens… Il aurait pu boire un coup en attendant, au moins ! Ouais, c’était une bonne idée, ça, boire un coup ; ça ferait oublier la douleur plus facilement que les soins maladroits de la bachi-bouzouk qui s’acharnant sur sa pauvre main de travailleur.
Mais il ne pouvait pas lui gueuler dessus pour ça, tout de même ? Après tout, elle avait montré de la bonne volonté, admettait en ronchonnant intérieurement le capitaine. D’un autre côté, elle lisait les mauvaises traductions, ce qui n’était pas terrible pour l’opinion qu’il allait se faire d’elle. Mais finalement, n’était-ce pas du devoir d’un officier supérieur que de remettre ses hommes (et femmes) dans le droit chemin lorsqu’ils (et elles) se fourvoyaient ? Ouais, parfaitement, il ne pouvait pas la laisser partir comme ça, avec sa mauvaise traduction sous le bras !
Cela dit, il espérait qu’elle allait se calmer sur les soins, parce qu’elle n’avait pas l’air de soigner les bobos du corps aussi bien que ceux de l’âme ; elle était bosco, pas toubib, et Joshua avait tout le loisir de le remarquer en serrant les dents.
Non, ce n’était pas parce qu’il avait l’intention de lui mettre du plomb dans la tête qu’il allait être aimable et gentil, non plus ! Rome ne s’est pas faite en un jour, faut pas rêver ! Il allait ajouter quelque chose de purement grognon mais se retint ; malgré lui, il était fasciné par le spectacle des mains de Shannel qui s’agitaient dans la sienne. Elles étaient si fines, si douces, si délicates, alors que sa papatte à lui était grosse et pleine de cales, dure et sèche et si maladroite lorsqu’elle ne tenait pas un outil ou un verre. L’image de ces mains si différentes côte à côte le troublait, et il avait très peur que cela soit parce qu’il ne trouvait pas sa désagréable. Et ça, ça n’allait plus du tout !
« Et si vous n’étiez pas venue me harceler, je ne me serais pas blessé ! » grogna-t-il afin de se donner une convenance et une excuse pour essayer d’attirer sa main vers lui. Il eut un sourire -ou du moins ce qui y ressemblait le plus- parcheminé du vieux qui croit avoir remporté la partie alors que c'était loin, loin d'être le cas...
Joshua étant un homme, il était donc plus douillet que la moyenne, ce qui ne s’accordait jamais avec un bon désinfectant. Et celui que Shannel lui administrait était particulièrement corsé, assez pour que Joshua se fiche de montrer sa douleur devant un subalterne. Le fait qu’elle soit en train de l’aider ne nuançait même pas son jugement : du moment qu’elle faisait quelque chose, elle n’avait qu’à le faire bien, merde ! Et pas le faire souffrir encore plus !
Et puis cela faisait combien de temps que ce désinfectant là traînait dans ses affaires, à Joshua ? Dix ans ? Plus ? Ca n’avait pas une date de péremption ces trucs là ? Il aurait presque préféré que la bosco en revienne à l’alcool à brûler, tiens… Il aurait pu boire un coup en attendant, au moins ! Ouais, c’était une bonne idée, ça, boire un coup ; ça ferait oublier la douleur plus facilement que les soins maladroits de la bachi-bouzouk qui s’acharnant sur sa pauvre main de travailleur.
Mais il ne pouvait pas lui gueuler dessus pour ça, tout de même ? Après tout, elle avait montré de la bonne volonté, admettait en ronchonnant intérieurement le capitaine. D’un autre côté, elle lisait les mauvaises traductions, ce qui n’était pas terrible pour l’opinion qu’il allait se faire d’elle. Mais finalement, n’était-ce pas du devoir d’un officier supérieur que de remettre ses hommes (et femmes) dans le droit chemin lorsqu’ils (et elles) se fourvoyaient ? Ouais, parfaitement, il ne pouvait pas la laisser partir comme ça, avec sa mauvaise traduction sous le bras !
Cela dit, il espérait qu’elle allait se calmer sur les soins, parce qu’elle n’avait pas l’air de soigner les bobos du corps aussi bien que ceux de l’âme ; elle était bosco, pas toubib, et Joshua avait tout le loisir de le remarquer en serrant les dents.
Non, ce n’était pas parce qu’il avait l’intention de lui mettre du plomb dans la tête qu’il allait être aimable et gentil, non plus ! Rome ne s’est pas faite en un jour, faut pas rêver ! Il allait ajouter quelque chose de purement grognon mais se retint ; malgré lui, il était fasciné par le spectacle des mains de Shannel qui s’agitaient dans la sienne. Elles étaient si fines, si douces, si délicates, alors que sa papatte à lui était grosse et pleine de cales, dure et sèche et si maladroite lorsqu’elle ne tenait pas un outil ou un verre. L’image de ces mains si différentes côte à côte le troublait, et il avait très peur que cela soit parce qu’il ne trouvait pas sa désagréable. Et ça, ça n’allait plus du tout !
« Et si vous n’étiez pas venue me harceler, je ne me serais pas blessé ! » grogna-t-il afin de se donner une convenance et une excuse pour essayer d’attirer sa main vers lui. Il eut un sourire -ou du moins ce qui y ressemblait le plus- parcheminé du vieux qui croit avoir remporté la partie alors que c'était loin, loin d'être le cas...