Entrée en matière...

Un nouveau jour se levait pour Erwyn. Une journée de tous les possibles. Récemment au chômage, elle avait entendu la veille au soir deux hommes bavarder bruyamment à propos du Commandant de la Vivenef Pandore et le fait que celui-ci soit une femme avait par la même occasion libéré le poste de Second. Une occasion à saisir que ne se refusa pas Erwyn.
A peine levée et un jus d'orange avalé qu'elle s'habillait déjà de sa tenue habituelle : Chemise blanche, nouée au col par un foulard rouge, veston marron par-dessus, un pantalon assorti et enfin des chaussures à grosses semelle. (Pratique quand on veut marcher sur les pieds de quelqu'un sans ressentir les désagréments occasionnés si par hasard l'inverse se produisait.) Le stress se fit quand même sentir au moment de faire son paquetage, emportant le nécessaire vital pour un long voyage. Enfin, elle espérait qu'il soit long ce voyage.
Elle attrapa une viennoiserie achetée la veille en prévision et l'engloutit en faisant le tour de la chambre d'hôtel. Non. Apparemment, elle n'avait rien oublié. Et puis même si c'était le cas, tant pis ! Elle trouverait bien de quoi remplacer.
Elle se drapa alors de son long manteau militaire (une petite coquetterie qu'elle se permettait), posa nonchalamment son sac sur son épaule droite et sortit.

Comme d'ordinaire, Dédale avait cette atmosphère à moitié étouffante d'une planète aride mais Erwyn respira mieux en entrant enfin dans le spatioport de la ville. Son rythme cardiaque commençait aussi à s'accélérer. Elle se mit alors à la recherche du vaisseau.

Elle le trouva parqué entre deux vaisseaux cargo et fut sûre de se n'être pas trompée en apercevant l'homme à la tête dégarni de la veille descendre d'une passerelle moitié grommelant moitié souriant. Tout concentré qu'il était, il ne s'aperçut même pas de sa présence et passa son chemin. Erwyn le regarda un instant s'en aller, un sac sur le dos, puis releva la tête vers la passerelle. Là, elle vit l'autre homme du bar. Il avait l'air un peu penaud et contrarié mais pas inaccessible. Erwyn s'avança donc attirant le regard de l'homme.

"Dites ! Y'aurait un moyen de voir votre Commandant ? "

Pour une entrée en matière, on n'aurait pas pu faire plus direct... Quoique...

"Ca dépend. Qui veut le voir ? fit l'homme méfiant.
-Son nouveau Second. "

L'homme ouvrit de grands yeux.

"Comment vous... ?
-Les nouvelles vont vite dans le coin. Surtout si vous savez être au bon endroit au bon moment..." répondit-elle simplement toujours en bas de la passerelle.

L'homme parut réfléchir.

"On peut savoir vot'e nom ?" fit-il.

Erf ! Pseudo ou le vrai ? Erwyn opta pour le vrai.

"Erwyn Von Drachnar.
-Connait pas.
-C'est normal. Disons que je débute dans la profession...
-Et vous voulez être notre Second ?! s'exclama le matelot qui partit en rire. "

Erwyn gravit rapidement la passerelle et regarda l'homme droit dans les yeux, lui coupant toute envie de rire. Ses yeux le fixèrent intensément. L'homme déglutit bruyamment.

"Et alors ? La valeur n'attends pas le nombre des années, non ?
-Euh. C'est pas ce que j'ai voulu dire... baraguina-t-il un peu impressioné. "

Erwyn se redressa et jeta un coup d'oeil dans le hangar. Il y avait de l'activité là-dedans : on chargeait et déchargeait de la marchandise, le tout sous l'oeil avisé d'une sorte de contre-maitre qui surveillait que rien n'aille "accidentellement" se fourrer dans les poches d'un matelot opportuniste. L'espace d'un instant leur regard s'accrochèrent puis le contre-maitre reprit son travail.

"Vous me faites visiter ? fit innocemment Erwyn en s'enfonçant dans l'antre de la bête.
-Hein ? Héla ! Oh ! s'exclama le pauvre matelot contraint de la suivre. "

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