Il n'était jamais seul, jamais. Il ne le pouvait pas. Car lorsque la solitude le prenait, alors il était en proie à ses doutes, à ses peurs et à ses démons. Ces derniers étant bien entendus les plus nombreux. Car il ne fallait pas croire que Elk n'était qu'un plaisantin, un gosse qui n'avait connu que la joie d'un foyer et le coeur d'une mère pour pleurer ses peines d'enfant. Et non, il avait été maltraité, battu, manipulé par des monstres qui ne voulaient pas lui faire de bien, simplement étudier si leur splendide invention allait leur permettre de contrôler un jour les foules. Une invention si splendide et si perfectionnée qu'elle remplaçait les fonctions des cordes vocales du sujet. Et Elk avait été le sujet parfait. Un enfant, encore en pleine croissance qui pouvait adopter cette nouvelle technique de parole avec simplicité et facilité. La douleur que cela causerait ? Aucune importance, le test était dans une phase finale et les prototypes devaient être utilisés. Que cela soit contraire à une certaine éthique ? Le gamin allait porter plainte contre eux peut-être et ainsi gagner la joie de devenir muet à tout jamais ? Non, encore aurait-il fallu qu'il puisse s'échapper.
Mais cela, ils ne l'avaient pas prévu dans leurs calculs. Ils auraient pu savoir pourtant que de retenir quelqu'un contre son gré n'était pas simple. Mais non, il avait réussi à partir et maintenant il volait libre dans l'espace. Toutes ces horreurs oubliées. Du moins en façade, car dès que la nuit le prenait, et tant qu'il ne tombait pas litterralement de sommeil, il ne pouvait penser à autre chose et l'appareil sur son cou se mettait à le faire souffrir. La douleur ? Il y était habitué, il pouvait s'entailler la main avec un couteau sans devoir réellement grimacer, Eryl serait d'ailleurs étonné de voir qu'avec lui certaines anesthésies n'étaient pas utiles. Mais la douleur créée par cet appareil était plus psychique que physique la plupart du temps. Et c'était pour cela qu'il verrouillait sa porte dès que venait le moment de se coucher et qu'il pouvait ainsi, souvent sangloter tout son saoul avant de tomber dans une nuit sans rêves. Et cela personne ne devrait jamais le savoir, il ne pouvait pas être faible car la faiblesse était la preuve de sa lacheté, de son manque de courage et de force. Il devrait avoir la force de résister aux images de son passé. Ces images qui lui paraissaient si horribles alors que ce n'était que des salles blanches, totalement vierges de tout instrument pouvant passer pour des instruments de torture. Et ensuite la seule chose qui se produisait, c'était le fait que la seule lueur dans la salle s'éteignait. Et cela, la peur du noir, la peur d'être à nouveau endormi pour être ensuite utilisé comme cobaye, c'était de cette peur qu'il voulait se libérer, se sortir à tout jamais. Un psy ? Oui, cela serait peut-être une bonne idée, mais il ne devait pas en parler. Car il était Elk, celui qui n'avait pas peur, qui vivait dans l'insouciance la plus totale. Si seulement ils savaient...
Et certains soirs comme celui-là, Elk était en proie à la véritable douleur. Ces jours où, sans qu'aucun signe ne l'annonce, l'implant se rappelait à lui d'une manière violente, presque animale et sauvage. Il voulait lui faire comprendre que même si la douleur mentale pouvait partir, que même si les craintes disparaissaient, il serait à tout jamais le prisonnier de cet appareil qui lui permettait de parler et de vivre. Car il en était certain, il serait impossible de retirer l'implant sans le tuer, sinon cela serait trop simple, bien trop simple.
Et alors, Elk regarda son reflet dans la glace tandis que la douleur progressait dans son esprit. Il se voyait faible, rongé par la peur de souffrir et il frappait ce miroir qui osait lui renvoyer une image de lui même aussi faible et pitoyable. Dans son malheur il commença alors à insulter ceux qui étaient responsables de son état puis il se mit à crier de plus en plus fort. Sentant la morsure de l'acier sur sa gorge et sachant qu'il aurait du mieux fermer sa porte que personne ne puisse le voir ainsi, que personne ne l'entende hurler et pleurer tandis que la douleur progressait de plus en plus sourde et sournoise, s'infiltrant dans chaque pore de sa peau. Il ne pouvait que sangloter quelques mots.
Maman, viens m'aider. Erwyn...
Avant de se laisser perdre dans la douleur et la souffrance.
Dernière édition par Elk Track le Mar 10 Juin 2008 - 21:39, édité 1 fois