Chapitre 2 : Les roses en papier
C’était des coquelicots en fait…
Une semaine après qu’elle eut finit de jouer les nounous pour cul-assis… enfin pour ce cul-assis là, Elyès de Lioncourt. Bah oui. On ne mettait pas à la rue les gens que vous étiez sensé protéger ! Alors Maddie fut puni. Elle fut assigné à la protection rapprochée de sa pauvre victime et ce, jusqu’à ce qu’il se remette de son rhume. Car malgré tout ce qu’il avait subi, il n’avait eu qu’un simple rhume ! Bon, il avait été carabiné… maiiiis ! Il s’en était sorti ! Admirable, non ?
Elle avait donc passé la plupart de son temps à essayer d’améliorer le confort du diplomate. Oh ! Ca aurait pu être bien pire. Mais il avait été très gentil….et sympa…et Maddie avait quand même apprécié le temps qu’ils passaient à deux. Il faisait la conversation et ils avaient appris à se connaître. Doucement… Mais sûrement.
Il n’était pas aussi ennuyeux que les autres cul-assis qui habitaient les lieux.
Et même quand elle fut relevée de sa garde rapprochée (qui fut accueillit avec un mélange de soulagement et de déception), elle venait le voir en coup de vent, pour voir s’il ne manquait de rien… ou tout simplement pour le voir. Sa petite bouille finissait immanquablement par lui manquer.
C’était dingue comme un rien peut vous rendre accro à quelque chose.
Une semaine plus tard donc, un phénomène étrange se produisit dans les vestiaires des agents de sécurité de l’ambassade. Et plus particulièrement dans le casier de Maddie.
En effet, un matin, elle découvrit un origami glissé à l’intérieur de son vestiaire. Intriguée, elle l’examina de plus près. Travail minutieux… précis. « hummm…. Travail de cul-assis ça… » murmura-t-elle plus pour elle-même que pour son entourage, tout en regardant sous toutes les coutures l’objet de son attention.
A priori, ça ressemblait à… une fleur… Mais Maddie n’en était pas très sûre. Elle la mit de côté, au cas où, sur une étagère de son casier, et avait commencé sa journée comme d’habitude.
Sa journée fut banale. Rien à signaler. Pas de monsieur en perdition… euh en balade sans badge. Pas de petits tours dehors pour prendre la température. Pas de chef sur le dos pour avoir commis une petite faute sans gravité… Bref, une journée normale.
Le lendemain, elle trouva une nouvelle fleur en papier dans son casier. *Bizarre* se dit-elle en examinant de nouveau le pliage. En tout cas, elle pouvait être sûre d’une chose. C’était bien une fleur. Et ça ressemblait à une rose. Elle rougit pour le coup, mais cacha vite son trouble et l’objet de son trouble au fond de son casier qu’elle referma prestement.
Une rose… Pour une romantique comme Maddie,ça ne pouvait signifier qu’une chose… Elle avait tapé dans l’œil de quelqu’un, et pas à sa façon à elle… (qu’elle avait de si particulier)
Cette petite chose ne cessa de la préoccuper toute la matinée durant. Elle se demandait d’où elle pouvait venir et surtout qui lui « offrait » ce petit bout de papier.
L’après-midi, elle eut d’autres chats à fouetter. Une réunion entre diplomates sur un sujet dont Maddie ne se souciait guère devait avoir lieu. Des précautions devaient être prises, ce qui l’accapara un bout de temps…
Le lendemain, elle vit une autre rose, toujours dans son casier. La prenant, elle se mit à regarder autour d’elle. Noooon ! Ca ne pouvait pas être l’un d’entre eux… Si ?
Un autre matin, alors qu’elle mettait la fleur du jour de côté, un nouveau fit une remarque qu’elle n’apprécia pas du tout. Instinctivement, elle balança son poing. Il l’évita de justesse. Pas le casier derrière. La porte fut défoncée, à la stupeur générale.
Bismark, qui était là, gueula un bon coup mais Madeline répliqua d’un ton ferme que les réparations seraient à retenir sur ses gages, et puis c’est tout.
En tout cas, il fut clair pour l’ensemble de ses coéquipiers qu’il ne fallait pas plaisanter au sujet des fleurs en papier.
Et ainsi de suite. Chaque matin, elle trouvait une rose en papier, glissée par la fente de son casier. De plus belle en plus belle, chaque jour. Maddie les collectionnait précieusement dans son casier, se mettant à espérer en trouver une à chaque fois qu’elle l’ouvrirait le matin.
Cette petite attention lui donnait le sourire et égaillait sa journée. Sans sa rose du matin, elle aurait été bien triste mais pas un seul jour, « on » ne lui avait fait défaut.
Ce petit jeu dura un certain temps jusqu’à ce que… la vérité fût !
En retard.
Chaque matin, c'était la même histoire. Elyès se levait, prenait une douche, se brossait les dents, se peignait (comme il pouvait, ses cheveux avaient tendance à avoir quelques mèches rebelles...), s'habillait, faisait son nœud de cravate (qu'il faisait fort bien d'ailleurs...), laçait ces chaussures... Inlassablement, toujours dans le même ordre. Et une fois qu'il était esthétiquement parlant impeccable, il allait à l'ambassade. Et à pied. Oui, il avait son permis. Mais conduire à Troie ou conduire dans la neige, ce n'était carrément pas la même chose, alors plutôt que de tenter un accident, il préférait marcher. Et puis, c'était bon pour les jambes. Il y avait juste qu'avant de sortir, il enfilait un polaire, un blouson, un manteau, trois paires de gants (dans l'ordre : mitaines, gants, moufles), et deux écharpes. Et chaque matin, il saluait les avancées technologiques au sujet des vêtements chauds... De plus en plus chaud, de plus en plus légers.
Il avait réussit à se lier d'amitié avec quelques personnes et ces gens l'invitaient souvent à aller petit déjeuner dans une cafétéria où l'on pouvait prendre des petits déjeuné typique. C'était agréable et puis, ça lui permettait de faire connaissance avec les gens. Et puis, une fois qu'il aurait finit, il irait dans son bureau, il lirait les lettres de doléances, tenterait de savoir ce qui était probable ou pas et il y aurait encore la suite de l'interminable rencontre E 410, celle qui l'avait fait venir jusqu'ici pour défendre les intérêts de Troie dans cette affaire. Bref, un joli programme.
Mais aujourd'hui, il était en retard. Cette nuit, il avait encore fait ces espèces de cauchemars, s'était réveillé en sursaut et n'avait pas réussit à se rendormir tout de suite. Exceptionnellement, il avait réussit à retrouver le sommeil, c'était assez incroyable pour être signalé... Dommage que ce fut seulement 1 heure avant que son réveil ne sonne. Donc là, il avait froid, il avait juste mis son manteau, une paire de gant et une écharpe. Et il courait, car il devait aller à l'ambassade.
Pourquoi ne pas aller directement à la cafétéria ? Tout simplement car chaque matin depuis quelque temps déjà, il avait prit une habitude qui n'était pas professionnel. Donc, il y allait avant de commencer sa journée. Et avant qu'elle ne la commence.
Enfin, il arriva et il avança en catimini dans les couloirs, espérant de tout cœur qu'elle ne serait pas là. Il se dirigea vers les vestiaires réservé au personnel de sécurité et ouvrit timidement la porte. Pas de réaction, de brouhaha et autre bruit qui aurait pu signaler âme qui vive. Il passa la tête et regarda à droite, à gauche... Personne. Parfait, à cette heure, il n'y avait jamais personne.
Il entra et émettant un léger "youhou ?" mais devant l'absence totale de réponse, il se permit de penser que définitivement, les vestiaires étaient déserts. Il soupira de soulagement. C'est bon, il pourrait faire comme d'habitude, malgré son retard.
Il avança d'un pas prudent vers le 5ème casier en haut à droite, dans la troisième rangée et se stoppa devant. Il mordit son gant droit et retira alors sa main pour fouiller dans son manteau et retira la petite fleur de papier. C'est bon, elle n'avait pas de dommage, elle n'était pas écrasée ou quoi que ce soit. Toujours de sa main qui n'avait plus de gant, il fixa la fleur au casier et regarda un moment le nom qui était écrit dessus. Madeline Koenig.
Elle lui manquait. Du bout des doigts, il effleura l'enseigne et soupira. Il se trouvait fin. Vraiment, c'était vraiment... un truc de fille ! Il soupira en repensant au moment où il avait eu cette conversation, avec ses frères et sa sœur et fit un léger sourire. Il lança un regard vers sa montre. Bon, le petit déjeuné, c'était raté... Il irait prendre quelque chose à la boulangerie d'à coté et se prendrait un chocolat au distributeur.
D'un geste expert, il réenfila son gant et fit demi-tour en direction de la porte, mais à cet instant, il se figea. Il avait entendu un petit bruit en direction du casier il se retourna et là, il vit ce qu'il s'attendait à voir…
La fleur était tombée.
"
Récalcitrante, ce matin ?"
Il retourna vers le casier, ramassa la fleur et souffla dessus pour qu'elle soit impeccable. Enfin, il commença à la fixer de nouveau mais s'interrompit en sentant un regard dans son dos. Doucement, il tourna la tête en direction de la personne et vit...
Maddie.
Huum.
D'un geste lent, il retourna à son ouvrage et finit de fixer la fleur, comme si de rien n'était. Satisfait, il fit un pas en arrière et observa la fleur. Parfait. Cette fois, il tourna les talons et s'avança vers la porte de sortie et croisa Madeline. Il lui sourit.
"
Bonjour, belle journée (quoi que encore trop froide) n'est-ce pas ?"
Et il finit par sortir des vestiaires.