Eryl cligna trois fois des yeux avant de se les frotter rigoureusement avec une main. Il tenta de les plisser, mais rien à faire : l'holo-livre qu'il lisait était irrémédiablement flou et ses yeux piquaient atrocement. Bordel, c'était pourtant pas le moment ! Depuis quelque temps déjà, il n'avait pas eut beaucoup l'occasion de se plonger dans les bouquins... Pour cause d'urgence par-ci, de traitement par là, bobo ici et autre Joyeuseries de ce genre. Alors pour une fois qu'il avait eut une heure miraculeuse où pas une seule personne n'était venue et où il était de garde, il avait repris de la lecture, mais rien à faire... Cette fois, c'était ses yeux qui s'opposaient à sa lecture.
Il grogna en se passant une main exaspérée dans les cheveux avant de se refrotter avec vigueur ses globes oculaires et se stoppa tandis que ses paupières étaient closes. Et s'il faisait une pause ? Une grande pause, pas juste un instant de répit pour simplement penser ? Il savait bien ce que c'était, ces picotements, il n'était pas médecin pour rien. Pas ophtalmo, mais quand même. Et sans doute que l'une des solutions la plus raisonnable serait de prendre une petite pause et rester comme ça, yeux fermés, et tout simplement attendre que ça passe.
Le médecin tapa alors violemment du point sur la table. Non, pas question de se reposer, il n'était pas raisonnable de toute façon. Pas maintenant. Et si quelqu'un arrivait et avait quelque chose qui était décrite juste la page suivante ? Eryl n'avait pas le temps de se reposer. C'était pas utile pour le moment. Poursuivre la lecture, si.
Et puis c'était qui le maître ? Lui ou ses yeux ? Allons bon, ses saletés globes oculaire n'allaient pas faire la loi non plus !
Il fixa avec détermination l'holo-livre et vit... Encore plus flou.
" Ah, c'est pas vrai..."
Eryl poussa un soupir. Ses yeux avaient, cette fois, gagné la bataille. Il appuya sur une touche de son bureau, et le livre qui apparaissait jusqu'à maintenant disparut pour laisser place à :
Voulez-vous éjecter la puce ?
" Non."
Bonne journée.
Eryl ne répondit rien et laissa sa tête tomber sur le bureau. Il resta ainsi, avachi, assit sur une chaise trop grande (non, ce n'était pas lui qui était trop petit ) les bras tombants, le menton posé sur le bureau avant de finalement murmurer :
" Lumière"
Et technologie oblige, la lumière présente dans l'infirmerie s'éteignit. D'une main molle, il chercha sa lumière du bureau et l'alluma. Il ne faudrait pas non plus que l'équipage de Pandore croit qu'il dormait ou quoi que ce soit. Il tourna sa tête vers un côté et admira quelques secondes son ombre gigantesque qui se formait sur le mur. Il eut un sourire moqueur et remua un peu pour observer l'ombre danser en rythme.
" Comment un si p'tit truc peu faire une si grande ombre... Pfff... Pitoyable."
Eryl ramena ces bras qu'il croisa sur le bureau et enfouit sa tête dedans, fermant les yeux et savourant la douceur de l'obscurité. Il regretta seulement d'avoir prononcer le mot Petit car déjà, la voix familière d'une certaine personne habitant dans une cale trottait dans sa tête et répétait inlassablement Petit, petit, petit... Il tourna alors la tête avec vivacité vers le mur ombré et lança un regard assassin à son ombre. Sourcils froncé, il continua à l'observer un moment et marmonna inlassablement : "être petit, c'est bien, être petit, c'est pratique, j'aime être petit !". Auto conditionnement. Puis aussi vite qu'elle était venue, sa colère partit. Il souffla les dernières brides d'irritation en soupirant et fixa avec un oeil calme cette fois, l'ombre qui avait suivit chacun de ses mouvements et qui se découpait parfaitement sur le mur, sans une seule once de flou. Ça aurait été parfait pour faire des ombres chinoises...
" C'est pas le moment."
Il secoua sa tête et se redressa pour s'ébouriffer les cheveux. Non, non, non, ce n'était pas le moment. Puis, il se stoppa, jeta un rapide coup d'oeil à son ombre qui toujours, suivait chacun de ces mouvements. Il se cala dans le dossier et ramena ses mains pour les mettre en évidence. Il s'emmêla un peu les doigts et regarda silencieusement le résultat. Puis un murmure sortit de sa bouche, commençant alors un dialogue avec le passé :
" Et ça, qu'est-ce que c'est ?"
Venu de très loin, une petite voix féminine lui répondit : Un Drirol !
" Oui..." Il changea un peu ces doigts pour obtenir une nouvelle forme. "Et ça ?"
Un sylir !
" Ouais, enfin... c'est un piaf." Il rechangea la position de ses mains et entendit la petite voix crier.
Hiiiiiii, non, j'aime pas les araignées !
" Désolé..." il tenta de changer un peu la position de ces mains et se stoppa. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il foutait ? C'était finit tout ça, c'était du passé. Il laissa ses mains tomber sur ses genoux et resta à fixer l'ombre qui se projetait toujours malgré tout. Il eut un geste méprisant vers le mur et reposa ses coudes sur la table, posant sa tête dans ses mains, crispant ses doigts dans ses cheveux. Il serra les dents et marmonna :
" Merde. Je suis pitoyable."
Il ferma les yeux avant de se les frotter à nouveau avec insistance pour se redonner un peu de constance. Il ne devait pas dormir, il n'en était pas question. Et il devait encore moins rêver éveillé. Et surtout... Il ne devait plus penser à tout ça. Il ne le devait plus. C'était finit, c'était du passé. Pas question de se faire bouffer par le passé... Il resta le regard fixé sur le bureau et repensa à ce qu'il avait perdu, dans le silence de l'infirmerie. Il fit tiré brutalement de ses pensés et fixa la porte d'un regard assassin. Il avait entendu du bruit, c'était certain. Est-ce que quelqu'un l'avait vu ? Est-ce que quelqu'un l'avait entendu ? Cela ne se devait pas ! Il tourna la chaise vers la porte et d'une voix rauque, il demanda brusquement :
" Qui c'est ?!"
Et la porte s'ouvrit pour laisser apparaitre dans son encadrement...
Dernière édition par Erylianen Noerya le Sam 7 Fév 2009 - 0:04, édité 1 fois