C’est donc avec un Byron Harrow hagard aux jambes molles que le commandant Caine se retrouva à parcourir le chemin inverse de son jogging matinal, en direction de sa cabine. Les cheveux ébouriffés, la tenue débraillée et les yeux bouffis, le jeune musicien faisait honneur à la réputation fêtarde des étoiles de son domaine d’activités. Au détriment du reste, sans aucun doute. Autant dire que Byron n’était pas très frais, et que son pilote automatique semblait décidé à l’envoyer se cogner dans les murs plus qu’autre chose. Amelia, désireuse de ne pas voir le garçon plus abîmé encore autant qu’elle ne voulait pas de nouvelles bosses sur la cloison du Legacy, finit par saisir fermement le bras d’Harrow afin de le guider à travers le dédale des coursives.
En chemin, ils croisèrent plusieurs membres d’équipage vaquant à leurs occupations qui jetèrent des regards intrigués à leur commandante et au jeune shitennô accroché à son bras. Les succès de la petite fête de hier au soir avaient vite fait le tour du vaisseau, mais cela n’allait pas empêcher les marins de se perdre en conjectures sur une telle scène. Pensez donc, leur commandant Caine, aux bras de l’un des membres du groupe ! Même si il était clair que ces bras étaient là pour empêcher le fêtard de s’étaler sur le sol, les hommes auraient de quoi se perdre en commérages pendant quelques temps. Mais quelque chose dans l’attitude d’Amelia les dispensèrent de faire le moindre commentaire en sa présence. Et puis, l’équipage du vaisseau de Perry respectait leur commandant. Quant à Caine, elle savait que les ragots constituaient sur un vaisseau une bonne partie du temps libre, et elle ne se souciait guère de ce que l’on pensait d’elle tant qu’on la laissait faire son travail correctement. Travail qui, parfois, consistait à débarrasser le sol de son bâtiment des artistes ravagés par la gueule de bois.
Arrivés à la cabine du commandant, Amelia pressa la main sur la commande d’ouverture et poussa gentiment Byron à l’intérieur avant de refermer la porte derrière eux. Elle guida son interlocuteur jusqu’à la chaise confortable qui faisait face à son bureau où elle le força à s’asseoir pour éviter qu’il ne se fasse plus de mal qu’il ne s’était déjà fait.
« Je vais mettre chauffer de l’eau pour le thé. En attendant, quand vous aurez repris vos esprits, vous aurez peut-être envie de vous rafraîchir un peu. La salle d’eaux est juste là. »
Il fallait dire qu’après une nuit passée dans une salle de maintenance à cuver son vin les vêtements maculés de boisson et de sueur, le jeune homme ne sentait pas la rose. Sans parler de son haleine. Amelia était cependant trop polie pour souligner directement ce fait, ce qui ne l’empêcha pas d’appuyer ses dires concernant sa proposition d’ablutions.
Laissant momentanément Harrow là où il était, elle se dirigea vers l’annexe de sa cabine où reposait une modeste et petite cuisinière ainsi que le placard où elle rangeait tous ses parfums de thé. Le privilège du commandant étant notamment celui d’avoir une cabine spacieuse, elle en avait aussitôt profité pour souscrire à cet aménagement. Quant au reste de la vaste pièce, que Byron pouvait observer à travers les brumes de l’alcool, il était la fidèle représentation de son occupante.
Il émanait de l’endroit quelque chose de noble, de raffiné sans être le moins du monde tape à l’œil. A vrai dire, tout était disposé de manière pratique mais élégante, sans fioritures. Un large bureau de bois ouvragé occupait une partie de l’espace. Il était impeccablement rangé, documents et ustensiles de travail disposé avec soin. Sur le côté droit trônait une magnifique maquette de trois mâts de l’ancienne Terre, que le commandant Caine avait récupéré on ne sait où. Le long des murs se trouvaient diverses étagères –en bois elles aussi- où étaient rangées quantités de livres, pour la plupart anciens mais jamais abîmés. Sans être une maniaque, Amelia prenait soin de ses affaires. Elle tenait à donner d’elle et de son lieu de vie une impression simple mais élégante et, surtout, pratique. Derrière le bureau et le fauteuil bleu marine d’Amelia, un ancien sabre de cérémonie au fourreau d’argent et d’or était accroché au mur. Hormis le bateau et l’arme, peu d’objets personnels décoraient la pièce, si ce n’était une photographie dans un cadre ici ou là. Sur l’une d’elle, on voyait Amelia alors qu’elle devait avoir une quinzaine d’années en compagnie de ceux qui devaient certainement être ses parents, lorsqu’on regardait la flamboyante crinière rousse de l’homme d’âge mûr qui souriait sur la photo. Sur une autre, on y voyait Amelia en uniforme d’officier de la flotte, accompagnée d’un homme de belle stature vêtu de la même façon. L’un des souvenirs de sa carrière dans les forces de défense, sans nul doute, et peut-être ceux d'un ancien amant, étant donné la proximité des deux officiers et leur complicité apparente sur la photo. C'était l'une des rares images d'Amelia où l'on pouvait la voir radieuse et non simplement satisfaite.
Deux autres petites pièces jouxtaient la cabine, donnant sur la chambre où reposait le lit d’Amelia et ses rangements personnels et sur la salle d’eau, elle aussi simple et pratique mais agréable où ne se voyait que le strict minimum de produits divers que l’on pouvait s’attendre à trouver dans la salle de bain d’une femme.
Posant une vieille théière remplie d’eau sur la plaque chauffante, Amelia ouvrit son meuble à parfums, comme elle l’appelait, et contempla un instant les rangées de boîtes aussi diverses que décorées qui trônaient sur les étagères. Avec professionnalisme, elle se saisit d’un sachet de thé qu’elle savait efficace dans les circonstances présentes et les déposa sur son plant de travail le temps de sortir tasses, cuillères et sucrier.
Tandis qu’elle s’affairait tranquillement à cette tâche routinière mais toujours pour elle emprunte d’un certain solennel, elle éleva la voix pour se faire entendre de Byron, au cas où il aurait décidé de suivre son conseil concernant la salle d’eaux :
« Comment prenez-vous votre thé monsieur Harrow ? »
En chemin, ils croisèrent plusieurs membres d’équipage vaquant à leurs occupations qui jetèrent des regards intrigués à leur commandante et au jeune shitennô accroché à son bras. Les succès de la petite fête de hier au soir avaient vite fait le tour du vaisseau, mais cela n’allait pas empêcher les marins de se perdre en conjectures sur une telle scène. Pensez donc, leur commandant Caine, aux bras de l’un des membres du groupe ! Même si il était clair que ces bras étaient là pour empêcher le fêtard de s’étaler sur le sol, les hommes auraient de quoi se perdre en commérages pendant quelques temps. Mais quelque chose dans l’attitude d’Amelia les dispensèrent de faire le moindre commentaire en sa présence. Et puis, l’équipage du vaisseau de Perry respectait leur commandant. Quant à Caine, elle savait que les ragots constituaient sur un vaisseau une bonne partie du temps libre, et elle ne se souciait guère de ce que l’on pensait d’elle tant qu’on la laissait faire son travail correctement. Travail qui, parfois, consistait à débarrasser le sol de son bâtiment des artistes ravagés par la gueule de bois.
Arrivés à la cabine du commandant, Amelia pressa la main sur la commande d’ouverture et poussa gentiment Byron à l’intérieur avant de refermer la porte derrière eux. Elle guida son interlocuteur jusqu’à la chaise confortable qui faisait face à son bureau où elle le força à s’asseoir pour éviter qu’il ne se fasse plus de mal qu’il ne s’était déjà fait.
« Je vais mettre chauffer de l’eau pour le thé. En attendant, quand vous aurez repris vos esprits, vous aurez peut-être envie de vous rafraîchir un peu. La salle d’eaux est juste là. »
Il fallait dire qu’après une nuit passée dans une salle de maintenance à cuver son vin les vêtements maculés de boisson et de sueur, le jeune homme ne sentait pas la rose. Sans parler de son haleine. Amelia était cependant trop polie pour souligner directement ce fait, ce qui ne l’empêcha pas d’appuyer ses dires concernant sa proposition d’ablutions.
Laissant momentanément Harrow là où il était, elle se dirigea vers l’annexe de sa cabine où reposait une modeste et petite cuisinière ainsi que le placard où elle rangeait tous ses parfums de thé. Le privilège du commandant étant notamment celui d’avoir une cabine spacieuse, elle en avait aussitôt profité pour souscrire à cet aménagement. Quant au reste de la vaste pièce, que Byron pouvait observer à travers les brumes de l’alcool, il était la fidèle représentation de son occupante.
Il émanait de l’endroit quelque chose de noble, de raffiné sans être le moins du monde tape à l’œil. A vrai dire, tout était disposé de manière pratique mais élégante, sans fioritures. Un large bureau de bois ouvragé occupait une partie de l’espace. Il était impeccablement rangé, documents et ustensiles de travail disposé avec soin. Sur le côté droit trônait une magnifique maquette de trois mâts de l’ancienne Terre, que le commandant Caine avait récupéré on ne sait où. Le long des murs se trouvaient diverses étagères –en bois elles aussi- où étaient rangées quantités de livres, pour la plupart anciens mais jamais abîmés. Sans être une maniaque, Amelia prenait soin de ses affaires. Elle tenait à donner d’elle et de son lieu de vie une impression simple mais élégante et, surtout, pratique. Derrière le bureau et le fauteuil bleu marine d’Amelia, un ancien sabre de cérémonie au fourreau d’argent et d’or était accroché au mur. Hormis le bateau et l’arme, peu d’objets personnels décoraient la pièce, si ce n’était une photographie dans un cadre ici ou là. Sur l’une d’elle, on voyait Amelia alors qu’elle devait avoir une quinzaine d’années en compagnie de ceux qui devaient certainement être ses parents, lorsqu’on regardait la flamboyante crinière rousse de l’homme d’âge mûr qui souriait sur la photo. Sur une autre, on y voyait Amelia en uniforme d’officier de la flotte, accompagnée d’un homme de belle stature vêtu de la même façon. L’un des souvenirs de sa carrière dans les forces de défense, sans nul doute, et peut-être ceux d'un ancien amant, étant donné la proximité des deux officiers et leur complicité apparente sur la photo. C'était l'une des rares images d'Amelia où l'on pouvait la voir radieuse et non simplement satisfaite.
Deux autres petites pièces jouxtaient la cabine, donnant sur la chambre où reposait le lit d’Amelia et ses rangements personnels et sur la salle d’eau, elle aussi simple et pratique mais agréable où ne se voyait que le strict minimum de produits divers que l’on pouvait s’attendre à trouver dans la salle de bain d’une femme.
Posant une vieille théière remplie d’eau sur la plaque chauffante, Amelia ouvrit son meuble à parfums, comme elle l’appelait, et contempla un instant les rangées de boîtes aussi diverses que décorées qui trônaient sur les étagères. Avec professionnalisme, elle se saisit d’un sachet de thé qu’elle savait efficace dans les circonstances présentes et les déposa sur son plant de travail le temps de sortir tasses, cuillères et sucrier.
Tandis qu’elle s’affairait tranquillement à cette tâche routinière mais toujours pour elle emprunte d’un certain solennel, elle éleva la voix pour se faire entendre de Byron, au cas où il aurait décidé de suivre son conseil concernant la salle d’eaux :
« Comment prenez-vous votre thé monsieur Harrow ? »