Bonjour jeune homme installez vous.
L'adolescent jeta un regard sombre sur le divan, se demandant ce que ce meuble pouvait apporter dans la résolution de ses problèmes, et en quoi un mec de l'ancienne Terre, mort plus de mille ans plus tôt, avait les réponses à ses problèmes. Non, il ne voulait pas tuer son père et coucher avec sa mère, le contraire éventuellement et encore. Tuer les deux serait nettement mieux. Il finit tout de même par s'installer, une jambe à moitié hors du divan, l'autre repliée avec sa chaussure à la dernière mode posée sur le tissus de prix. Il croisa les bras derrière sa tête et fixa le tableau en face de lui.
Je suis le docteur Samuels et nous allons pouvoir parler tous les deux. Pouvez vous me rappeler votre nom ?
Pff, Crépuscule, mais c'est écrit sur le rendez-vous ! Faut apprendre à lire ! Et pour le nom de famille c'est pas important mais c'est Jones.
Je suppose que vos amis vous ont donné un surnom.
Oui justement, mes amis et je ne pense pas que vous en fassiez partie. Mais bon je vous le donne quand même, c'est Twi. Et si vous traduisez Crépuscule en Twilight ça s'explique. Ne songez même pas à m'appeler Crep' ou un truc du genre si vous voulez que je reste là.
Le jeune homme était visiblement renfrogné et là contre son gré. Si ses yeux noirs pouvaient lancer des lasers, le pauvre tableau abstrait représentant un petit furil dans un pré verdoyant. Enfin ça c'était le titre, parce que tout ce que voyait Crépuscule c'était une tâche brune sur un fond plus ou moins vert et s'il avait pu le décrocher pour ne surtout plus le voir ce serait encore mieux. Quelle horreur franchement ! Il préférait nettement les affiches de groupes de musique ou bien de films qu'il avait adoré. Mais en fait ... une minute, le bouffon avait repris la parole.
...ans c'est bien ça ?
Presque 17 même !
Oui oui c'est bien ce que je disais. Donc que souhaitez vous faire dans la vie ?
*Est ce que je t'en pose moi des questions ?*
*Twi ! Soit gentil avec le docteur !*
*Oh toi ma conscience ! Ta gueule !*
*Ok ! Je me tais, mais ne me dis pas ensuite que je ne t'avais pas prévenu !*
Le gamin restait là, presque immobile, les yeux dans le vague (et les cheveux dans le vent). En parlant de cheveux, les siens étaient particulièrement gris. Pourquoi gris ? Parce que ça fait cool ! Et oui, des cheveux gris à 16 ans (presque 17) ça fait cool, donc le jeune Crépuscule avait fait teindre ses cheveux en gris (contre l'accord de ses parents sinon c'est pas cool).
...scule ?
Ouais c'est bon ! Alors dans la vie ? Je suis pilote ! Et je veux rien faire d'autre.
Pilote ? Vous pouvez m'en dire plus ?
Si je vous dis non, vous allez arrêter de me poser des questions stupides ? Non, ce serait trop simple. Alors pilote ouais ! J'ai appris à piloter aux cotés de mon père, c'est bien la seule chose qu'il a faite pour moi celui-là. Et maintenant sans être sortit de l'école je sais manier un chasseur. Et j'aime ça, comme ça c'est assez long comme réponse ?
Le jeune homme s'était retourné pour voir le médecin prendre des notes énergiquement. Il le fixa un instant, se demandant si ce n'était pas plutôt une lettre d'amour pour sa blondasse de secrétaire mais a priori non, il semblait attendre qu'il parle à nouveau toujours sans lever les yeux de son bloc. Twi faillit se lever et aller lire au dessus de son épaule, mais bon ... ce n'était pas forcément utile. Il avait eu l'occasion de voir un psy, soi disant à cause de ses problèmes de comportement en classe, donc pas la peine de se faire virer de séance comme il se faisait chaque jour virer de cour.
Il se souvenait très bien de la situation qui avait poussé le proviseur à demander son renvoi pour trois jours. Mais pourtant la plaisanterie avait été bonne. Franchement mettre la tête du prof de maths sur le corps d'une limace c'était du grand art ! Mais le vioque avait pas apprécié l'humour de la situation. Alors que franchement il y avait de quoi rire. Et forcément l'autre c*n de premier de la classe l'avait dénoncé. Donc voila, ajoutez à cela qu'il avait déjà par trois fois séché un cours de langue pour donner une leçon de langue à sa petite amie, qu'il avait forcé le bureau de la prof de physique pour avoir l'énnoncé du devoir, qu'il avait fumé dans les toilettes et ainsi déclanché l'alarme incendie (ce jour là avait été épique, il était ressortit trempé et couvert de mousse anti feu, mais il avait piqué un fou rire incroyable devant la tête de sa prof principale qui avait assuré aux pompiers que son élève était en grave danger). Il parlait aussi en cour, critiquait ouvertement les profs ringards et pas du tout cools, avait envie de se faire un piercing et comble du malheur pour ses bourges, coincés de parents, il n'était plus puceau depuis deux mois. Donc moralité, s'il ne voulait pas partir dans une pension réputée pour sa sévèrité, direction le cabinet d'un psy. C'étaient les termes exacts. Donc personne ne lui avait demandé d'être attentif ou coopératif avec l'homme qui le faisait parler de lui.
... chose à ajouter sur le sujet ?
Se perdre dans ses pensées, ça aussi il le faisait souvent. Pourtant il n'était pa autiste à rester dans son monde. Mais quand ce qu'il faisait ne l'intéressait pas (et peu de choses l'intéressaient à part le pilotage) il lui arrivait de partir on ne sait où.
Ouais surement des tas, mais ça m'étonnerais que vous y compreniez quoi que ce soit !
Alors que l'adolescent pensait que l'homme ferait comme ses parents ou ses profs, et se mettrait, pour son plus grand plaisir, en colère, il passa directement à autre chose sans se formaliser du ton pourtant particulièrement narquois de la réponse.
Très bien, alors de quoi voulez-vous que nous parlions ? Votre enfance peut-être ?
Si vous voulez, mais de toute façon j'ai vécu dans une famille bourge, pourrie et surtout d'une pudibonderie sans limites. C'est bien simple, j'ai été castré à la naissance ! Non, pas avec un scalpel, mais avec des mots et croyez moi jusqu'à mes douze ans ça n'a pas cessé. Je ne devais pas m'approcher des filles parce qu'elles n'étaient pas convenables. Mes amis étaient trop bruyants etc etc... Mais bon, heureusement que le réseau existe et qu'on peut apprendre comment être un ado normal là bas vous croyez pas ? Surtout que malgré leurs grands airs, mes parents m'ont toujours envoyés dans les écoles les plus proches de chez nous. Cela pour favoriser ma compréhension des basses classes il parait. Et bien, oui, les basses classes c'est super, mais je préfère trainer avec eux qu'avec ceux qui n'ont que des pyjamas en soie !
Mais avez vous aimé votre enfance ? Etiez vous heureux ?
Après un regard signifiant clairement : Est ce que je t'en pose moi des questions ? L'adolescent se remit à parler. Son visage fin et juvénil marquait une certaine émotion ce que ne manqua pas de remarquer le brillant analyste. Il avait bien détaillé le jeune homme et sentait maintenant que ce n'était pas réellement un problème de comportement, plus une envie de révolte bien naturelle dans une adolescence normale. Mais il est vrai que cette envie semblait plus forte et plus puissante en ce moment, il devait en vouloir à ses parents pour aller voir un psy. Un psy n'était-il pas fait que pour les fous ! Et lui n'était pas fou. Le Docteur Samuels se dit qu'il devrait jouer très serré s'il voulait que le jeune homme se confie jusqu'au bout et comprenne que son attitide n'était pas du tout mature, mais au contraire très puérile. Chose qu'il avait entrevue parfois, mais qu'il n'avait jamais écouté. Sa conscience n'était pas assez forte il faut croire.
Et bien oui, j'ai aimé ces put**** de moments de bonheur en famille. J'adorais aller me promener dans les magasins avec ma mère malgré sa fièvre acheteuse et les heures d'essayage que cela me réservait. J'adorais monter dans le cockpit du chasseur de mon père simplement pour faire un petit tour alors que c'était interdit. Et je crois qu'à chaque instant, j'aimais voir qu'ils étaient proches de moi. Mais j'étais aveugle et je ne voyais pas que seule leur précieuse réputation comptait. Et que au moindre petit faux pas je serais sanctionné par une visite chez un psy.
Le dégout dans la voix de Crépuscule était visible, il n'avait pas envie d'être là et il le faisait sentir. Mais la séance n'était pas terminée et à plus de 300 crédits, ses parents n'allaient pas le laisser deux minutes de moins dans le cabinet. Pourtant qu'est ce que 300 crédits pour eux, ils étaient bourrés de thunes à tel point que leur fils unique, Crépuscule, possédait déjà une résidence particulière (pour sa majorité pas avant), un chasseur (pour ses études de pilotage) et un magnifique petit lynx blanc nommé flocon légèrement modifié génétiquement pour ne pas grandir plus que de raison, seulement 80 centimètres au garrot et 50 kg, trois fois rien quoi ! Le dit flocon accompagnant son maitre un peu partout, tel un bon petit chien. Mais attention, il ne fallait pas le traiter de chien, c'était pour l'animal comme pour le maitre, une insulte mortelle qu'il fallait punir, selon la personne par un bon coup de griffes et de poing, ou par une séance mortellement dangereuse de chatouilles (pour ses potes). A cet instant, l'animal était bien sagement dans la salle d'attente, faisant le bonheur d'une petite fille qui le trouvait si mignon et si doux avec ses petites oreilles en pointes et leur pinceau noir tout au bout. En plus il avait de si beaux yeux verts que c'en était "excimarrant" (en petite fille dans le texte).
Mais dans le cabinet l'ambiance était nettement moins bon enfant que dans la salle d'attente. L'adolescent n'avait plus envie de parler et le médecin réfléchissait encore à ce qu'il venait d'entendre. Il ne pouvait pas considérer que le comportement du jeune homme nécessitait une séance supplémentatire, il ne pouvait pas le laisser partir alors qu'il lui restait une bonne demi-heure à parler. Mais il ne pouvait pas non plus le faire attendre une demi-heure dans un silence pesant. Le diagnostic était pourtant établi : l'adolescence ! Cette maladie touchant une grande partie de la population juvénile du cercle, un fléau terrible et détestable qui ne trouvait aucun remède !
C'est bon, la séance est terminée, je peux rester là à contempler vos magnifiques tableaux si vous voulez. Et puis vous vous préparez votre prochain entretien.
Désolé mais je suis payé pour t'écouter et je crois que je vais le faire jusqu'au bout. Parce que tu m'as dit que tes parents étaient horribles, pourquoi restes-tu avec eux ?
Le jeune homme ne se formalisa pas du tutoyement, après tout, ses profs aussi le tutoyaient. Mais par contre il se retourna pour vérifier que l'homme ne se moquait pas de lui. Pourquoi il restait chez lui ? Une fugue ? Mais non ! Ca n'allait pas du tout ça, il ne pouvait pas fuguer.
Je ne peux pas fuguer voyons ! C'est trop compliqué à gérer et puis ils me chercheraient voyons. Et ensuite je me retrouverais dans un endroit encore plus pourri que la maison, merci bien ! Et puis si je fugue, mes potes ? Qu'est ce que j'en fais moi ? Remarquez il ne sont pas vraiment là pour moi en ce moment. Je crois que j'ai poussé un peu loin quand j'ai frappé sur l'un d'entre eux parce qu'il mattait ma copine. Mais bon, on matte pas les filles des autres, vous êtes d'accord doc ? Quoi ? Doc que vous n'aimez pas ? Mais put*** vous êtes aussi coincé que mes parents, j'aurais du m'en douter. Un vieux comme vous, une petite moustache ridicule et un air bourge collé sur le visage. Mais réagissez ! Restez pas à me regarder comme si j'étais un adorable bambin qui ne pense qu'à faire des sourires aux passants ! Put*** je vous parle ! C'EST PAS CLAIR ?
Il s'était levé et se reculait visiblement perturbé par l'absence de réaction du médecin. D'habitude avec les adultes ça suffisait, il se faisait virer de cour, était envoyé dans sa chambre ou bien se prenait une baffe (si si, un passant dans la rue qu'il avait trouvé ridicule et barge avec son chien minable). Mais pas un sourire peiné comme si ce n'était pas de sa faute que ses mots avaient dépassé sa pensée et qu'il était un pauvre petit garçon sans défense. Il s'assit sur un fauteuil en tournant le dos au médecin et gromella.
Trop con !
Ca t'a fait du bien de me crier dessus ? Tu sais, je ne te demandais pas de fuguer, mais par exemple de t'engager dans un truc, partir faire tes études à l'étranger, retrouver de la famille, qui sait même, trouver une place de pilote dans l'espace ! On doit en chercher des jeunes têtes brûlées non ?
Le garçon avait haussé les épaules au départ, mais à présent il s'était retourné, un air intéressé sur le visage. Pilote ? A son âge, mais pas dans l'armée, il fallait faire ses classes, étudier au moins deux ans et ensuite trouver une affectation ! Et si jamais il trouvait ailleurs que dans l'armée ? Si ça c'était possible il était paré ! Il avait du fric après tout, il devait pouvoir payer quelqu'un pour l'embaucher !
Vous en connaissez ? Je peux payer vous savez !
Le médecin sourit, il était cher mais ce n'était pas pour rien, il avait éveillé l'intérêt de son patient et comptait bien le laisser en éveil durant la fin de la séance.
Il se peut que je connaisse des gens. Mais tu n'auras pas besoin de payer. Par contre, je ne sais pas s'ils ont des places de disponible pour le moment. Donc tu devras peut-être attendre un peu avant de pouvoir voler. Et puis il faut que je les contacte et qu'ils me répondent. Tu serais prêt à revenir la semaine prochaine pour qu'on parle de ça ?
Ouais, en plus ça arnaquerait 300 crédits à mes vieux !
Désolé mon petit, mais je ne ferais pas payer la prochaine visite. Tu viens me voir la semaine prochaine vers 18h, j'aurais terminé mes consultations. Et je te présenterais éventuellement une offre.
L'adolescent se redressa avec un grand sourire plaqué aux lèvres. Il allait avoir une proposition d'emploi ! Ca c'était cool !
Il sortit du cabinet, fit un sourire à la petite fille et à ses parents qui trouvèrent que c'était un jeune homme bien agréable. Fit venir Flocon d'un geste de la main et partit avec son animal gambadant joyeusement à ses cotés. L'humeur de son maitre était communicative. Plus qu'une semaine à passer avant de savoir si c'était possible ! Trouver un poste pour piloter, ce serait vraiment cool ! Plus qu'un piercing même c'est dire !
L'adolescent jeta un regard sombre sur le divan, se demandant ce que ce meuble pouvait apporter dans la résolution de ses problèmes, et en quoi un mec de l'ancienne Terre, mort plus de mille ans plus tôt, avait les réponses à ses problèmes. Non, il ne voulait pas tuer son père et coucher avec sa mère, le contraire éventuellement et encore. Tuer les deux serait nettement mieux. Il finit tout de même par s'installer, une jambe à moitié hors du divan, l'autre repliée avec sa chaussure à la dernière mode posée sur le tissus de prix. Il croisa les bras derrière sa tête et fixa le tableau en face de lui.
Je suis le docteur Samuels et nous allons pouvoir parler tous les deux. Pouvez vous me rappeler votre nom ?
Pff, Crépuscule, mais c'est écrit sur le rendez-vous ! Faut apprendre à lire ! Et pour le nom de famille c'est pas important mais c'est Jones.
Je suppose que vos amis vous ont donné un surnom.
Oui justement, mes amis et je ne pense pas que vous en fassiez partie. Mais bon je vous le donne quand même, c'est Twi. Et si vous traduisez Crépuscule en Twilight ça s'explique. Ne songez même pas à m'appeler Crep' ou un truc du genre si vous voulez que je reste là.
Le jeune homme était visiblement renfrogné et là contre son gré. Si ses yeux noirs pouvaient lancer des lasers, le pauvre tableau abstrait représentant un petit furil dans un pré verdoyant. Enfin ça c'était le titre, parce que tout ce que voyait Crépuscule c'était une tâche brune sur un fond plus ou moins vert et s'il avait pu le décrocher pour ne surtout plus le voir ce serait encore mieux. Quelle horreur franchement ! Il préférait nettement les affiches de groupes de musique ou bien de films qu'il avait adoré. Mais en fait ... une minute, le bouffon avait repris la parole.
...ans c'est bien ça ?
Presque 17 même !
Oui oui c'est bien ce que je disais. Donc que souhaitez vous faire dans la vie ?
*Est ce que je t'en pose moi des questions ?*
*Twi ! Soit gentil avec le docteur !*
*Oh toi ma conscience ! Ta gueule !*
*Ok ! Je me tais, mais ne me dis pas ensuite que je ne t'avais pas prévenu !*
Le gamin restait là, presque immobile, les yeux dans le vague (et les cheveux dans le vent). En parlant de cheveux, les siens étaient particulièrement gris. Pourquoi gris ? Parce que ça fait cool ! Et oui, des cheveux gris à 16 ans (presque 17) ça fait cool, donc le jeune Crépuscule avait fait teindre ses cheveux en gris (contre l'accord de ses parents sinon c'est pas cool).
...scule ?
Ouais c'est bon ! Alors dans la vie ? Je suis pilote ! Et je veux rien faire d'autre.
Pilote ? Vous pouvez m'en dire plus ?
Si je vous dis non, vous allez arrêter de me poser des questions stupides ? Non, ce serait trop simple. Alors pilote ouais ! J'ai appris à piloter aux cotés de mon père, c'est bien la seule chose qu'il a faite pour moi celui-là. Et maintenant sans être sortit de l'école je sais manier un chasseur. Et j'aime ça, comme ça c'est assez long comme réponse ?
Le jeune homme s'était retourné pour voir le médecin prendre des notes énergiquement. Il le fixa un instant, se demandant si ce n'était pas plutôt une lettre d'amour pour sa blondasse de secrétaire mais a priori non, il semblait attendre qu'il parle à nouveau toujours sans lever les yeux de son bloc. Twi faillit se lever et aller lire au dessus de son épaule, mais bon ... ce n'était pas forcément utile. Il avait eu l'occasion de voir un psy, soi disant à cause de ses problèmes de comportement en classe, donc pas la peine de se faire virer de séance comme il se faisait chaque jour virer de cour.
Il se souvenait très bien de la situation qui avait poussé le proviseur à demander son renvoi pour trois jours. Mais pourtant la plaisanterie avait été bonne. Franchement mettre la tête du prof de maths sur le corps d'une limace c'était du grand art ! Mais le vioque avait pas apprécié l'humour de la situation. Alors que franchement il y avait de quoi rire. Et forcément l'autre c*n de premier de la classe l'avait dénoncé. Donc voila, ajoutez à cela qu'il avait déjà par trois fois séché un cours de langue pour donner une leçon de langue à sa petite amie, qu'il avait forcé le bureau de la prof de physique pour avoir l'énnoncé du devoir, qu'il avait fumé dans les toilettes et ainsi déclanché l'alarme incendie (ce jour là avait été épique, il était ressortit trempé et couvert de mousse anti feu, mais il avait piqué un fou rire incroyable devant la tête de sa prof principale qui avait assuré aux pompiers que son élève était en grave danger). Il parlait aussi en cour, critiquait ouvertement les profs ringards et pas du tout cools, avait envie de se faire un piercing et comble du malheur pour ses bourges, coincés de parents, il n'était plus puceau depuis deux mois. Donc moralité, s'il ne voulait pas partir dans une pension réputée pour sa sévèrité, direction le cabinet d'un psy. C'étaient les termes exacts. Donc personne ne lui avait demandé d'être attentif ou coopératif avec l'homme qui le faisait parler de lui.
... chose à ajouter sur le sujet ?
Se perdre dans ses pensées, ça aussi il le faisait souvent. Pourtant il n'était pa autiste à rester dans son monde. Mais quand ce qu'il faisait ne l'intéressait pas (et peu de choses l'intéressaient à part le pilotage) il lui arrivait de partir on ne sait où.
Ouais surement des tas, mais ça m'étonnerais que vous y compreniez quoi que ce soit !
Alors que l'adolescent pensait que l'homme ferait comme ses parents ou ses profs, et se mettrait, pour son plus grand plaisir, en colère, il passa directement à autre chose sans se formaliser du ton pourtant particulièrement narquois de la réponse.
Très bien, alors de quoi voulez-vous que nous parlions ? Votre enfance peut-être ?
Si vous voulez, mais de toute façon j'ai vécu dans une famille bourge, pourrie et surtout d'une pudibonderie sans limites. C'est bien simple, j'ai été castré à la naissance ! Non, pas avec un scalpel, mais avec des mots et croyez moi jusqu'à mes douze ans ça n'a pas cessé. Je ne devais pas m'approcher des filles parce qu'elles n'étaient pas convenables. Mes amis étaient trop bruyants etc etc... Mais bon, heureusement que le réseau existe et qu'on peut apprendre comment être un ado normal là bas vous croyez pas ? Surtout que malgré leurs grands airs, mes parents m'ont toujours envoyés dans les écoles les plus proches de chez nous. Cela pour favoriser ma compréhension des basses classes il parait. Et bien, oui, les basses classes c'est super, mais je préfère trainer avec eux qu'avec ceux qui n'ont que des pyjamas en soie !
Mais avez vous aimé votre enfance ? Etiez vous heureux ?
Après un regard signifiant clairement : Est ce que je t'en pose moi des questions ? L'adolescent se remit à parler. Son visage fin et juvénil marquait une certaine émotion ce que ne manqua pas de remarquer le brillant analyste. Il avait bien détaillé le jeune homme et sentait maintenant que ce n'était pas réellement un problème de comportement, plus une envie de révolte bien naturelle dans une adolescence normale. Mais il est vrai que cette envie semblait plus forte et plus puissante en ce moment, il devait en vouloir à ses parents pour aller voir un psy. Un psy n'était-il pas fait que pour les fous ! Et lui n'était pas fou. Le Docteur Samuels se dit qu'il devrait jouer très serré s'il voulait que le jeune homme se confie jusqu'au bout et comprenne que son attitide n'était pas du tout mature, mais au contraire très puérile. Chose qu'il avait entrevue parfois, mais qu'il n'avait jamais écouté. Sa conscience n'était pas assez forte il faut croire.
Et bien oui, j'ai aimé ces put**** de moments de bonheur en famille. J'adorais aller me promener dans les magasins avec ma mère malgré sa fièvre acheteuse et les heures d'essayage que cela me réservait. J'adorais monter dans le cockpit du chasseur de mon père simplement pour faire un petit tour alors que c'était interdit. Et je crois qu'à chaque instant, j'aimais voir qu'ils étaient proches de moi. Mais j'étais aveugle et je ne voyais pas que seule leur précieuse réputation comptait. Et que au moindre petit faux pas je serais sanctionné par une visite chez un psy.
Le dégout dans la voix de Crépuscule était visible, il n'avait pas envie d'être là et il le faisait sentir. Mais la séance n'était pas terminée et à plus de 300 crédits, ses parents n'allaient pas le laisser deux minutes de moins dans le cabinet. Pourtant qu'est ce que 300 crédits pour eux, ils étaient bourrés de thunes à tel point que leur fils unique, Crépuscule, possédait déjà une résidence particulière (pour sa majorité pas avant), un chasseur (pour ses études de pilotage) et un magnifique petit lynx blanc nommé flocon légèrement modifié génétiquement pour ne pas grandir plus que de raison, seulement 80 centimètres au garrot et 50 kg, trois fois rien quoi ! Le dit flocon accompagnant son maitre un peu partout, tel un bon petit chien. Mais attention, il ne fallait pas le traiter de chien, c'était pour l'animal comme pour le maitre, une insulte mortelle qu'il fallait punir, selon la personne par un bon coup de griffes et de poing, ou par une séance mortellement dangereuse de chatouilles (pour ses potes). A cet instant, l'animal était bien sagement dans la salle d'attente, faisant le bonheur d'une petite fille qui le trouvait si mignon et si doux avec ses petites oreilles en pointes et leur pinceau noir tout au bout. En plus il avait de si beaux yeux verts que c'en était "excimarrant" (en petite fille dans le texte).
Mais dans le cabinet l'ambiance était nettement moins bon enfant que dans la salle d'attente. L'adolescent n'avait plus envie de parler et le médecin réfléchissait encore à ce qu'il venait d'entendre. Il ne pouvait pas considérer que le comportement du jeune homme nécessitait une séance supplémentatire, il ne pouvait pas le laisser partir alors qu'il lui restait une bonne demi-heure à parler. Mais il ne pouvait pas non plus le faire attendre une demi-heure dans un silence pesant. Le diagnostic était pourtant établi : l'adolescence ! Cette maladie touchant une grande partie de la population juvénile du cercle, un fléau terrible et détestable qui ne trouvait aucun remède !
C'est bon, la séance est terminée, je peux rester là à contempler vos magnifiques tableaux si vous voulez. Et puis vous vous préparez votre prochain entretien.
Désolé mais je suis payé pour t'écouter et je crois que je vais le faire jusqu'au bout. Parce que tu m'as dit que tes parents étaient horribles, pourquoi restes-tu avec eux ?
Le jeune homme ne se formalisa pas du tutoyement, après tout, ses profs aussi le tutoyaient. Mais par contre il se retourna pour vérifier que l'homme ne se moquait pas de lui. Pourquoi il restait chez lui ? Une fugue ? Mais non ! Ca n'allait pas du tout ça, il ne pouvait pas fuguer.
Je ne peux pas fuguer voyons ! C'est trop compliqué à gérer et puis ils me chercheraient voyons. Et ensuite je me retrouverais dans un endroit encore plus pourri que la maison, merci bien ! Et puis si je fugue, mes potes ? Qu'est ce que j'en fais moi ? Remarquez il ne sont pas vraiment là pour moi en ce moment. Je crois que j'ai poussé un peu loin quand j'ai frappé sur l'un d'entre eux parce qu'il mattait ma copine. Mais bon, on matte pas les filles des autres, vous êtes d'accord doc ? Quoi ? Doc que vous n'aimez pas ? Mais put*** vous êtes aussi coincé que mes parents, j'aurais du m'en douter. Un vieux comme vous, une petite moustache ridicule et un air bourge collé sur le visage. Mais réagissez ! Restez pas à me regarder comme si j'étais un adorable bambin qui ne pense qu'à faire des sourires aux passants ! Put*** je vous parle ! C'EST PAS CLAIR ?
Il s'était levé et se reculait visiblement perturbé par l'absence de réaction du médecin. D'habitude avec les adultes ça suffisait, il se faisait virer de cour, était envoyé dans sa chambre ou bien se prenait une baffe (si si, un passant dans la rue qu'il avait trouvé ridicule et barge avec son chien minable). Mais pas un sourire peiné comme si ce n'était pas de sa faute que ses mots avaient dépassé sa pensée et qu'il était un pauvre petit garçon sans défense. Il s'assit sur un fauteuil en tournant le dos au médecin et gromella.
Trop con !
Ca t'a fait du bien de me crier dessus ? Tu sais, je ne te demandais pas de fuguer, mais par exemple de t'engager dans un truc, partir faire tes études à l'étranger, retrouver de la famille, qui sait même, trouver une place de pilote dans l'espace ! On doit en chercher des jeunes têtes brûlées non ?
Le garçon avait haussé les épaules au départ, mais à présent il s'était retourné, un air intéressé sur le visage. Pilote ? A son âge, mais pas dans l'armée, il fallait faire ses classes, étudier au moins deux ans et ensuite trouver une affectation ! Et si jamais il trouvait ailleurs que dans l'armée ? Si ça c'était possible il était paré ! Il avait du fric après tout, il devait pouvoir payer quelqu'un pour l'embaucher !
Vous en connaissez ? Je peux payer vous savez !
Le médecin sourit, il était cher mais ce n'était pas pour rien, il avait éveillé l'intérêt de son patient et comptait bien le laisser en éveil durant la fin de la séance.
Il se peut que je connaisse des gens. Mais tu n'auras pas besoin de payer. Par contre, je ne sais pas s'ils ont des places de disponible pour le moment. Donc tu devras peut-être attendre un peu avant de pouvoir voler. Et puis il faut que je les contacte et qu'ils me répondent. Tu serais prêt à revenir la semaine prochaine pour qu'on parle de ça ?
Ouais, en plus ça arnaquerait 300 crédits à mes vieux !
Désolé mon petit, mais je ne ferais pas payer la prochaine visite. Tu viens me voir la semaine prochaine vers 18h, j'aurais terminé mes consultations. Et je te présenterais éventuellement une offre.
L'adolescent se redressa avec un grand sourire plaqué aux lèvres. Il allait avoir une proposition d'emploi ! Ca c'était cool !
Il sortit du cabinet, fit un sourire à la petite fille et à ses parents qui trouvèrent que c'était un jeune homme bien agréable. Fit venir Flocon d'un geste de la main et partit avec son animal gambadant joyeusement à ses cotés. L'humeur de son maitre était communicative. Plus qu'une semaine à passer avant de savoir si c'était possible ! Trouver un poste pour piloter, ce serait vraiment cool ! Plus qu'un piercing même c'est dire !